ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

122 L. BOURDONamphithéâtre en pente douce vers la mer, s'étendait une assez yasteplaine, d'environ 1600 pas de large (1), divisée en tranches comme unmelon et ornée de très hauts pins et d'eaux très claires qui, descendantdes hauteurs voisines pour le hienfait des troupeaux, venaient s'y reposer,tout au plus à sept milles de la côte.« Le 19 mai 1585, cet endroit commença à s'élever notablement en soncentre et une grande crevasse se forma, qui engloutit quelques-uns desarbres et souleva les, autres avec elle (2), tandis que s'en échappait unegrande rumeur accompagnée d'un effrayant tremblement de t~rre. Toutesces manifestations s'amplifièrent en même temps que le sol s'exhaussaitet, en deux jours, cette plaine devint une colline de grosses et petitespierres mêlées à de la terre. On l'eût dite faite de main d'homme, et certainsqui la virent à ce moment l'estimèrent haute de cinquante pas.« Huit jours après, la crevasse commença à exhaler une très grandequantité de fumée constituée d'éléments très mobiles, dont les uns, pluslégers, se soutenaient en l'air à cause de leur peu de poids, tandis que,les autres, plus lourds, désireux de retourner au fond du gouffre, retombaientde toutes parts avec une telle vitesse qu'ils se broyaient mutuellementavec fracas (3). Et, tandis que grondait la rumeur souterraine,montaient de nouveau vers le ciel des nuages de fumée et de poussièreen volutes si épaisses qu'une partie des hauteurs environnantes étaitplongée dans les ténèbres, Lorsque les éruptions cessaient pour un courtinstant et que la poussière s'était élevée, on voyait plus clairement queles projectiles retombés du ciel recouvraient la colline en dessinant autourd'elle comme un manteau de forme ovale et, par suite de l'obliquité deleur chute, lui donnaient l'apparence d'une pyramide épointée,« La fumée s'échappait par maints endroits qui variaient beaucoup dufait de l'instabilité des matières en mouvement. Toutefois, du côté dunord-nord-est (4), on voyait au milieu de la colline deux très hautes pierres(1) Je me suis permis de corriger le texte qui donne, f. 93: • d'ampiezza cento e sessenta passa in circa '.Mais on verra plus loin que, selon les mesures de Torriani lui-même, le diamètre inférieur du volcan étaitde • deux cents pas ", Je crois donc qu'Il faut rétablir au moins' mille cento e sessenta passa ".(2) F. 93 : • la quale (apertura) alcuni di quei albori ingiottendo, altrLseco alzando... " Fr. Francisco deSanto Thomas fait un contresens lorsqu'il traduit, p. 305: • a quai ingotindo algunas daquellas arvores evomitando-as outra vez... "(3) La phrase de Torriani, f. 93, est si peu claire que je la crois corrompue: • e scndo egli (il fumo)composto dl parti movlticce, ritrovandosl quelle ln cima sostentate da poco peso, parti con tanta velOcitaet strepito, frangendosl insleme... " Ma traduction n'est qu'une adaptation, mais qui a au moins le mérite, de signifier quelque chose, ce qùi n'est pas le cas des traductions de Fr. Francisco et de WôlfeI.(4) F. 93 v.• grecotramontana ".