ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

186 COMMUNICATIONSMais c'est chose exceptionnelle: on souligne au contraire, le plus souvent,qu'il est invisible et qu'on ne sait pas se le représenter, même qu'on ne doitpas le faire, ou (Miliana, Arris) que la seule idée en remplit la fillette decrainte: « elles semblen! s'étonner qu'on puisse prétendre le personnifier »(Frenda), etc. n y a là, me semble-t-il, une influence nette .du dogmeorthodoxe sur la croyance effective.J'ajouterai un fait à cette enquête d'A. Bel, qui m'a été raconté enKabylie, région qui ne passe pas pour particulièrement fervente : desfillettes ayant demandé à leur institutrice ce que signifiait telle fête chrétienne,l'Ascension, je crois, elle commença à répondre: « C'est le jour oùle fils de Dieu... », mais elle fut interrompue par un rire général et méprisant,car il leur paraissait ridicule qu'Allah puisse engendrer (1), ce ,qui est. conformeà la plus stricte orthodoxie coranique (süra 112).c) Parmi les autres questions dogmatiques figurent, dans l'enquête,celles relatives au Paradis, à l'Enfer et au Jugement Dernier. En général,on sait de quoi il s'agit, avec plus ou moins de précision, de fantaisie oud'erreurs, mais, dans l'ensemble, je dirai, sous l'Jnfluence de la déformationprofessionnelle, que"« cela mérite à peu près la moyenne ».n en va de même pour le démon et les ginn-s ; pour ces derniers, bienentendu, la croyance qu'ils habitent les lieux sales et humides et qu'ils, peuvent être malfaisants, est générale.On se représente d'ailleurs ces êtres, contrairement à ce que l'on faitpour Allah.La croyance aux anges est aussi générale; ils sont presque toujoursassociés à l'idée d'enfants, ou de bébés: ils veillent sur eux; ou ils sont« comme des enfants» ; « un enfant toujours jeune qui ne fait aucun malet qui meurt est un Ange »; « ils sont aimés par le brave Allah» ; « cesenfants ont des ailes ». L'idée que les étoiles sont des anges apparaît aussi(2).Le questionnaire comprenait encore une questlm relative aux autresprophètes et aux saints musulmans. Les réponses sont en général," assezdécevantes. Sur le premier point, on a parfois des réponses correctes, mais,souvent, on ignore la question. Sur le second, j'ai été surpris d'abord dupeu d'abondance des réponses, puisqu'il s'agit d'une chose certainementbien connue des fillettes (3). Cela tient - sans doute - à ce qu'ici le(1) Il ne faut pas oublier qu'une fillette musulmane se représentera la chose d'une façon autrementréaliste qu'une petite Française du même âge.