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ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

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40 L. GOLVINdes ouvriers, qui savent d'avance où il convient d'introduire ces fils dans l<strong>et</strong>issage même de l'étoffe. » (Prolégomènes, trad. de Slane, t. II, p. 66.)De ce texte précieux, nous r<strong>et</strong>enons la- dernière phrase <strong>et</strong> en particulier« qui savent d'avance où il convient d'introduire ces fils ». Nous avons vuplus haut que tout le secr<strong>et</strong> du métier à la tire est dans c<strong>et</strong>te déterminationpréalable du tissage: mise en carte d'abord <strong>et</strong> surtout montage de la tire;c'est bien ce que semble vouloir dire Ibn Khaldoun en employant ,l'expression« d'avance ». Par a,illeurs, des tissages aussi précieux que les brocartsne peuvent être exécutés sur le métier ordinaire des tisserands de soie enraison de la multiplicité des lames nécessaires pour tisser un fond <strong>et</strong> undécor complexe. Le métier ordinaire des soyeux ne compte guère plus desix lames (1) <strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong> qu'un décor très limité fait surtout de bandesde différentes couleurs avec jeu de fond. Il sembl~ bien ainsi que dès la plushaute antiquité on ait connu le métier à la tire <strong>et</strong> c'est ce métier qui il dûêtre importé dans les « tiraz » d'Espagne d'abord, dans ceux de Fès ensuiteà une époque où c<strong>et</strong>te technique était ignorée en France.Cependant le décor des tissages actuels est loin d'être facile à analyser.Outre les influences hispano-mauresques qui dominent <strong>et</strong> les empruntsnombreux à l'art oriental, plus ou moins altéré, on note des compositionsn<strong>et</strong>tement européennes : art italien en particulier. Comment expliquer cesapports? Y avait-il échange de produits, importation de tissages européensqui auraient inspiré les tisserands fasi? Ce n'est pas impossible maisc'est malgré tout peu vraisemblable. Il est plus aisé de croire que - cespièces précieuses servant très souvent de monnaie d'échanges (2) - lesclients européens aient manifesté leurs goûts <strong>et</strong> désirs <strong>et</strong> modifié ainsiparfois l'ordonnance générale au détriment de la pur<strong>et</strong>é du style.On ne peut pas dire que les tissages y aient gagné, bien au contraire; cesapports mal assimilés les alourdissent malencontreusement, la plupart dutemps, <strong>et</strong> sont une des causes de l'abâtardissement général constaté àmaintes reprises.Ces remarques ne peuvent altérer notre sentiment sur le talent <strong>et</strong> lacompétence des frères Ben Chérif. Derniers survivants d'une époque révolue,(1) Cf. LAPANNE-JOl!'lVILLE, Les Métiers à tisser de Fès, « Hespéris " 1940, p. 32. Le nota de la mêmepage parle du métier des frères Ben Chérif <strong>et</strong> ajoute. à six lames " ce qui laisse croire qu'on ne peut enajouter. En réalité, outre les six ~ames de remisse pour le tissage du fond, on compte jusqu'à vingt lames dedécor suivant la complexité du tissage à exécuter.(2) On offrait également ces tissages précieux en cadeaux diplomatiques, ce qui expliquerait, d'aprèsCox, la présence de ces pièces dans nos églises <strong>et</strong> nos collections puhliques.

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