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100PHILIPPE DE COSSÉ BRISSACMonsegneur,Je ne perts pas un momant de tamps lhors qu'ils arrive quelque chosse departicullier dans le pays de la Maurétanie que je 'ne me donne l'honneurd'en escrire à Vostre Grandeur, comme elle me l'a commandé. Sur se subjetje suis obligé, Monsegneur, à luy faire scavoir que je vients tout presenttementde recevoir dé lettre de Monsieur Juillian (1), mon neheu, yisouconsulà Salez, portt.ant que le roy de Tafilette (2) avoict faict dire à l'embassadeurque le roy d'Engleterre luy envoyet (3), qu'il ne print point lapene de l'aler voir, qu'il ne luy donneroict pas d'audiance et qu'il ne vou!loit avoir point de paix avecque aucun prince chrestien,
QUELQUES DOCUMENTS INÉDITS SUR LE MAROC (1670-1680) 101commandez par Monsieur le comte de Tré (1), lequel il print informattionde tout se qui s'estet passé avec les gans deu pays et les Anglès et Holandèz.Lesdict sieur Reymon.d luy fict un sy fidel ressit qui fust très-aize de se renconttre.Lesdict segneur de Tréest a presant sur la rade du dict SalIez, en ceque le sieur Berttin (2), consul à Touttoan m'en escrict du 2me du courant,mais qui ne fezant que d'arriver, ils ne me pouvet dire . aucune chosse de sa.négociation. Sytost que j'an saureay quelque particularricté, je ne menqueraypas, Monsegneur, vous en donner touts les advis; Ils estoits sortydeu port de SalIez douze pecttis vaisseau pour aller fere leur piracteries ; syles vaisseau de Monsieur le comptte de Tré sont legers et voilliers, je nedoubte nullement que sy se tienent sur la croizière de La Maumore qu'ilsn'en pranent une parttie (3).Les corseres d'Arger obsevent très-pontuellement le traictté de paixqu'on a faict ~vec heuX-. (4), ayant renconttré plusieurs de nos vaisseaurichement chargéz sans luy avoir faict la moindre discourtoizie du monde,sest .qui est un très-grand adventage pour les subjectz du Roy et uneobligattion que tout le monde a à Vosttre Grandeur d'y avoir faict mettreun sy bon hordre. Pour affermir mieux encore cestte paix avec ArgeJ, ilsfaut, Monsegneur, que vous ayes la bontté de faire mesttre à la reson Tunis.En cella hont n'a qu'à presister à leur tenir une escouadre sullement de'quattre navires de gueres dans leurs ports et à leur empecher toutte sorttede comerse ; c'est par là qu'on viendra au bout de leurs fierté (5).(1) Jean, comte d'Estrées (1624-1707), vice-amiral en 1669, maréchal de France en 1681. Muni d'instructionsde Louis XIV en date du 10 déeembre 1669 lui enjoignant de se rendre à Salé pour obtenir lalibération des eaptlfs français, y détruire les corsaires et recevoir au besoin des propositions de paix,d'Estrées arriva devant la ville le 28 mai 1670. Pendant près de trois semaines, il croisa le long des côtesmarocaines, mals ne réussit à atteindre aucun des buts qui lui avalent été assignés. Sur cette expédition,v. Sonrces inédites, 2' Série, France, t. l, p. 284 et n. 1, pp. 285-286 et 299-311.(2) \Bertin; le présent document nous apprend ainsi quel fut pour le compte d'Henri Prat le successeurde Siméon au consulat de Tétouan en 1670. Sur ce poste revendiqué parla Compagnie d'Albouzème, v.SOllrces inédites, 1" Série, France, t. III, Introdnction, pp. XCVIII-XCIX et 2' Série, France, t. l, pp. 252-253 ;p. 428 et n. 5. Sur Bertin, v. aussi infra, Doc. IV, p. 104 et n. 2.(3) Tous les avis donnés par les marins et consuls européens eoncordent sur ce point: les vetlts nllviresrapides des Salétlns, aptes à se dérober aux poursuites de leurs adversaires et capables de ranger la côteou de franchir sans trop de dlfficult~sla barre du Bou Regreg, ne pouvaient être capturés ou détruits quepar des bâtiments' légers capables de rivaliser de vitesse avec eux. A ce sujet, v. R. COINDREAU, Les Corsairesde Salé, .Paris, 1948, pp, 148-150.(4) Après deux expéditions navales conduites par le due de Beaufort contre les eorsalres d'Alger en 1664 .et en 1665, le Divan dut demander la paix. André-François Trubert et Jacques Arnaud négocièrent alorsau nom de la France un traité stipulant la liberté du commerce et la st.\reté de la navigation qui fut signéle 17 mai 1666. A ce sujet, v. E. PLANTET, Correspondance des deys d'Alger avec la cour de France, Paris,1889, t. l, pp. 59-6,0 et n. L .(5) Les Tunisiens n'ayant pas tardé à violer le traitéoeonclu avec eux par Beaufort en 1665, le marquisde Martel reçut l'ordre, en 1669, de bloquer tous leurs ports. Après une campagne navale de vingt-sept mois,au cours de laquelle Bizerte, La Goulette et Porto-Farina furent bombardés, un nouveau traité fut signéavec la Régenee le 26 juin 1672 ; v. E. PLANTET, Correspondance des beys de Tunis et des Consuls de Franceavec la Cour (1577-1830), t. l, pp. XXI-XXII, 182-190 et 269-273.
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