ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

MAISON ET VILLAGE DANS QUELQUES TRIBUS DE L'ANTI-ATLAS 349elle égratigne la terre de son champ avec le même araire que la Berbérieutilise sans doute depuis deux millénaires. Elle reste, ici comme partout etplus qu'ailleurs peut-être, la citadelle de la tradition.•Citadelle déjà investie. Quelques riches commerçants, qui ont les moyensd'avoir un logement en ville, emmènent aujourd'hui leur femme et leursenfants dans le Gharb. Les garçons vont à l'école. Le tour des filles viendra.·Ainsi, les femmes évolueront elles aussi et le mouvement, encore lent,prendra l'allure accélérée qu'on lui voit depuis la guerre dans les grandescités.CONCLUSIONLes quelques petites tribus dont nous avons étudié l'habitat offrentcette particularité de présenter rassemblés sur un espace restreint troistypes assez différents d'architecture berbère : le pisé, la pierre sèche,la pierre et le mortier, qui correspondent soit à des conditions géographiquesou à des influences ethniques définies, soit à des degrés inégauxd'évolution.La maison de pierre sèche est celle du sédentaire montagnard pauvreet peu évolué, demeuré à l'écart des courants de civilisation.La maison en pisé, que nous avons trouvée dans les vallées qui descendentvers les palmeraies du Bani, n'est autre que la maison des q~ür présahariens,dont M. E. Laoust a releve le caractère nettement urbain et lesfrappantes ressemblances avec la maison romaine de l'antiquité (1). Lesrapports politiques et économiques qui ont uI}i, depuis longtemps sansdoute, les populations de ces vallées avec celles des oasis suffisent à expliquerla présence de ce type d'habitation, ainsi que la concentration des maisonsen une sorte de bloc fortifié, analogue, mais non identique, à l'igerm.La maison en pierre et mortier, dont les Ammeln offrent les plus beauxexemplaires, représente, quant au mode de construction, un perfection_nement de la pierre sèche, et, quant au plan, une imitation de la maisonde pisé. Du moins croyons-nous pouvoir l'affirmer étant donné la proximitégéographique des deux types,la similitude parfaite du plan et, d'autrepart, l'absence de rapports avec la disposition de la maison de pierre sèche.(1) Cf, L'Habitation chez les transhumants du Maroc Central,