ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

UNE LIGNjj;E D'ARTISANS: LES BEN CHjj;RIF DE FÏ;:S 19que malheureusement le dernier conflit ~arrête net, en les privant de matièrespremières (fils de soie, d'or et d'argent). Alors, se consacrant au tissage dedraps de laine à l'usage européen, ils se rétablissent pendant les hostilitéset conservent assez de confiance en l'avenir pour enseigner leur beaumétier à quatre de leurs enfants sur sept, orientant les trois autres vers lesindustries du cl;lir (maroquinerie et reliure).V. - CONCLUSION.Ainsi, pendant tout un siècle, les Ben Chérif n'ont cessé de participer,d'une façon remarquable, à l'activité artisanale du pays.Mais voici que s'ouvrent des temps nouveaux. Après une période detransition d'un tiers de siècle entre l'autarcie d'autrefois et l'économiemoderne - période qui, en somme, fut assez heureuse -'- que vont devenirles représentants de ce groupe social intéressant entre tous? Car la poterieest abandonnée depuis la troisième gènération et les six descendantsactuels ont dû se partager, par moitié, entre l'artisanat proprement ditet des professions non manuelles, et si le tissage retient encore (1948) cinqsur sept des fils intéressés, et la mosaïque sept sur huit, on doit se demanderpour combien de temps.'Seule la modernisation de l'artisanat marocain peut ouvrir une portede salut. Heureusement, cette modernisation vient d'être décidée par leProtectorat : tant sur le plan de la céramique que sur celui du tissage, elleest assurée de trouver dans la lignée des Ben Chérif une main-d'œuvreparticulièrement compréhensive et utile.Prosper RICARD.