Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

lli LA PREMIÈRE CARRIÈRE DE SÉNÈQUE
bonté, de sa justice, de son dévouement à ses amis,
lui donne les vertus du sage en même temps que
celles de l'honnête homme, lui promet l'immortalité
du génie. Tout ce qu'une adulation à la fois indus-
trieuse et grossière est capable d'inventer trouva
place dans cet écrit. Et Sénèque, craignant à tout
instant de n'avoir pas assez plaint, ou pas assez loué,
ou pas assez consolé, allonge gauchement les pires
déclamations, réitère les démonstrations les plus
ternes. Le résultat est plat, traînant et ennuyeux'.
Encenser l'affranchi n'était pas tout : les flagorneries
dont Polybius est l'objet en enveloppent d'autres,
plus déréglées encore, à l'adresse de l'empereur. Avec
un incroyable sang-froid, avec une effronterie digne
du plus hardi pamphlétaire, le philosophe, devenu
courtisan, fait à Claude le rêveur, à Claude le
maniaque, l'hommage d'un prodigieux tribut d'admiration
et d'adoration. Non seulement Claude est un
dieu et sa parole parole d'oracle 2
, mais il est le père du
genre humain, le régénérateur du monde, sa vue
console de tous les maux et de toutes les afflictions 8
rien n'égale le zèle qu'il déploie pour le bonheur et
le repos de ses sujets : il s'est sacrifié à eux corps et
âme*. Sa douceur, sa miséricorde, sa bienfaisance
sont incomparables ; la première enfin de toutes ses
4 Riun *.I « * plus juste que l'impression de Diderot, '|iii croil n'entendre
« qu'un mauvais écho de Sénèque o el à qui la Consolation
taii l'effel d' i
un
rieurs el postérieurs de Sénèq i
centon d'idées ramassées dans les écrits anté-
[Essai sur les règnes de Claude
et de Néron, Il partie, LXXXIX Mais ce n'esl pas une raison pour
conclure que l'ouï rage esl d'un faussaire mal intentionné.
8 Ad Polyb., XIV. -'.
1
/(/ .. XII, i
4 1,1.. VII. 2
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