Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

2*>0 LE MINISTÈRE DE SÉNÈQ1 l.
Riche ou pauvre, il porte d'autant plus Légèrement
le sentiment de ses obligations envers l'Etat qu'il
paie relativement peu et jouit beaucoup, surtout lors-
qu'il habite la capitale. Quant au provincial, lié par
sa condition de sujet,, il regarde comme naturel de
payer tribut et de pourvoira l'entretien, aux plaisirs
même du peuple souverain : il lui suffit de n'être pas
maltraité et d'obtenir, en cas de nécessité, des dégrè-
vements et des remises. En un mot. chacun consent
à s'acquitter, mais nul n'accepte d'être spolié : lésé
d'une manière quelconque, on veut pouvoir recourir
aux lois, et l'essentiel pour le contribuable, à quel-
que catégorie qu'il appartienne, est d'obtenir justice
chaque fois qu'il est en conflit soit avec l'administra-
tion centrale, soit avec ses délégués. Sur ce point, ils
sont tous (''gaiement chatouilleux et aspirent à ce que
la justice soit rendue par des tribunaux totalement
étrangers à l'administration financière.
Autrement dit, en matière de finances, les particu-
liers ont plus ou moins conscience que le gouverne-
ment a des droits sur eux : en vertu même des pou-
voirs et des ebarges qui lui sont commis, il a besoin,
pour gérer leurs affaires en bon tuteur, et de leur
aide pécuniaire, el de leur appui moral: aus>i ne doi-
vent-ils lui marchander ni leurs subsides ni leur
confiance. Au contraire, en matière de justice, le
particulier, citoyen ou provincial, a le sentiment
tic- \ir que c'esl l'Etat qui a des devoirs envers
lui, ci sans réciprocité. Ici c'est exclusivement le
gouverné qui a besoin du gouvernement, et il juge
surtout le gouvernement sur la manière dont celui-
ci lui facilite la revendication de ses droits.