Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

AVÈNEMENT DE NÉRON 183
sa puissance en écrasant une rivale moins terrible, sa
belle-sœur, Domilia Lepicla.On se souvient de l'hospi-
talité que Néron, dans sa première enfance, avait trou-
vée chez cette femme. Elle n'avait cessé depuis d'exer-
cer sur son neveu un réel ascendant, dont Agrippine
était jalouse. Ses cadeaux, ses cajoleries faisaient tort
à la dureté maternelle. De là un conflit d'influences où
la politique n'avait rien à voir, mais qui n'en était
pas moins âpre et que tout alimentait. Lepida fut
citée soudain en justice : on l'accusait d'avoir em-
ployé des maléfices contre Agrippine et d'entretenir
ses esclaves de Galabre dans un état d'insurrection
permanent. Néron s'exerça à l'ingratitude en témoi-
gnant contre sa tante. La peine de mort fut pronon-
cée, malgré une énergique résistance de Narcisse !
.
Restait à frapper le dernier coup. Mais Narcisse
faisait bonne garde. 11 était le rempart du trône : lui
présent, jamais Agrippine n'en fût venue aux extré-
mités. Sitôt qu'il s'éloigna, tout fut perdu. Fatigué,
malade, souffrant de rhumatismes, ayant de toutes
façons besoin de soins et de repos, il partit pour les
eaux de Sinuesse, en Gampanie. Agrippine avait con-
tribué elle-même à lui faire ordonner cette cure. Elle
respira. Au bout de peu de temps, elle tuait Claude.
Une certaine Locuste, qui venait d'être condamnée
comme empoisonneuse, avait fourni un poison sûr ;
le propre médecin du prince était complice 2 .
1
Tout n'était pas fini. Claude mort, il s'agissait de
Tacite. Ami., XII, 64-65; Suétone. Nero, 7.
1 Tacite,^!»»., XII, 66-67; Suétone, Claud., 44; Dion. LX, 34; Zonaras,
XI, M; Josèphe, 'IouS. A:/., XX, vm, 1 ; cf. Juvénal. Sat., V, 147;
VI. 620: Pline, Nat. Eist., XI, 37 (73): XXII, ±2 (46). On a parfois
contesté de nos jours l'authenticité de l'empoisonnement de Claude;
mais les anciens sont tous d'accord sur le fait et ne varient que sur