Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

78 LA PREMIÈRE CARRIÈRE DE SÉNÈQUE
de l'immense unité romaine '. Mais pareil accidenl
n'était même plus à craindre. L'inertie du peuple
était à cet égard la meilleure garantie. Le Sénat,
énervé par les deux règnes précédents, venait de
donner la mesure de son impuissance. Claude, au
cours de leurs négociations, lui avait fait quelques
concessions de pure forme : il avait promis que son
règne c'aurait rien de despotique, qu'il serait le chef
nominal de l'Etat, mais que la nation gouvernerait".
Le Sénat n'en avait pas moins eu la main forcée,
et ;i \ ai l dû
abandonner le rêve de recouvrer son
ancien pouvoir : sa làchelé décidément remportait
sur son ambition. Toute gloire n'était pas finie pour
lui, mais ce fut la dernière foisqu'il osa revendiquer
dans leur intégrité les droits qu'il avait tenus jadis
de la constitution républicaine. L'armée, en revanche,
avait pris conscience de son importance politique :
on pouvait déjà prévoir que \ fidèle à qui la flatterait,
plus encore à qui la paierait, elle constituerait à
l'avenir un redoutable instrument de domination et
que tout projet de restauration républicaine, en ad-
mettant qu'il s'en produisit encore, trouverait dans
la brutale volonté des soldats le plus insurmontable
obstacle 5 . Gomme les meilleurs esprits le sentirent,
comme Tacite l'exprime à plusieurs reprises'*, le
i Sénèque.De Clem ,\,i\ :Hiccasus La un do l'Empire romanes pacis
exitium erit, hic tanti fortunam populi in ruinas agel Tam diu a l
isto periculo aberil hic populus, quam diu sciel ferre frenos.quos si
quando abruperil vel aliquo casu discussos reponi sibi passus non
erit, hœc imitas el hic maximi imperii contcxtus in partes multas
dissiliet. — il esl difficile de ae pas voir dans cette dernière phrase
une allusion aux