Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

68 LA PREMIÈRE CARRIÈRE DE SÉNÈQUE
disciples, mais des amis, de fidèles compagnons,
attachés à sa personne, L'aimant et l'honorant, qu'il
entretient, avec une gravité familière, de la destinée
et des devoirs de l'homme, à qui il dédie des ouvrages
qui sont encore des causeries, de libres conversa-
tions, même quand le Ion s'y élève.
Cependant celle élite d'amis n'était pas sa seule
clientèle. Il fréquentai! aussi le « monde » : monde
très divers, où trônaient le petit-maître ella coquette,
mais où l'on rencontrait, quand on voulait, des
hommes sérieux et distingués, des femmes d'une
dignité parfaite. On le vit dans plus d'un cercle à la
mode'; il se plut particulièrement au commerce de
quelque- femmes d'esprit, parmi lesquelles cette Mar-
cia, lille de Cremutius Cordus, dont il a tracé luimême
un si aimable portrait. C'était devenu à Home
un goût général de la société cultivée que celui des
entreliens moraux :
on
aimait à entendre bien parler
des choses de l'âme, et beaucoup de personne- avaient
leur philosophe attitré, avec qui elles conféraient dans
les circonstances importantes et dont elles recevaient
les conseil>. Il est aisé d'imaginer l'influence que
valurent à Sénèque, dans un semblable milieu, son
langage facile, sajustesse d'esprit, sa manière adroite
et fine d'entrer dans Les sentiments d'autrui. Le dan-
ger étail d'ennuyer, de rebuter par des façons de
pédagogue Mais Sénèque n'ennuyait pas. Il enve-
loppail ses leçons d'une indulgence de bon ton, sa\ ;iil
prendre tous les langages, aborder tous les sujets,
alliait ;i propos la raillerie au discours le plus sévère.
Quand par hasard, au nom de la sagesse, il vous ru-
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il est probable