Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

SITIATION DE SÉNÈQUE VERS L'AN 60 343
qui ont le malheur de l'approcher sont les seuls à en
pâtir, et l'immense majorité des habitants de l'Em-
pire, troublée sans doute dans sa quiétude, effrayée
de voir le jeune dieu tourner au Caligula et à l'Atrée,
n'en continue pas moins à vivre heureuse, sous
l'égide inébranlée des lois. Le malaise est superficiel ;
la crise n'atteint pas encore les couches profondes de
la population. L'argent circule; le taux usuel de
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est un taux très modéré. Le commerce est
actif 2
; les mers sont sûres : l'État protège et favorise
les grandes entreprises d'importation
:f
et réfrène les
publicains. L'agriculture se développe, spécialement
la viticulture', qui attire une foule de capitaux. Le
faste même des fêtes et des solennités, le luxe des
constructions exécutées ou encouragées par le prince,
des mobiliers, des costumes, stimule et soutient
l'industrie Les provinces sont particulièrement for-
tunées : le bien-être y est général ; la richesse s'y
accroît, notamment en Asie, où Laodicée de Phrygie,
détruite en l'an 60 par un tremblement de terre, n'eut
même pas besoin, pour se relever, des secours de la
métropole 5 .
Dans les périodes d'oppression, la gêne universelle
se traduit presque toujours par la rareté ou par la
platitude des œuvres littéraires : le fameux « siècle »
d'Auguste ne s'était pas prolongé longtemps sous son
1
Columelle, De Re rustica, passim ; cf. Sénèque. De Benef'.. VII,
X, 4.
Cf. Pline. Kat. Hisl., VI, 23 (26) ; XII, 18 (41 1 ; etc.
3
Cf. Tacite, Ann., XIII, 51.
1
Cf. Columelle, III. m :
Pline, Nat. Hist., XIV, 4 (5).
s Tacite, Ann., XIV. -7. — Opposer le sacrifice énorme que Tibère
avait dû taire, quarante-trois ans auparavant, en faveur de douze
villes d'Asie éprouvées par une calamité semblable (ibid.. II. 47).