Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

LES FINANCES 209
vue plus juste des choses, Néron renonça enfin à un
remède pire que le mal'.
Comme philosophe, nul cloute que Sénèque n'ait
été charmé de l'initiative de son élève ;
comme homme
d'Etat, il dut faire ses réserves. Il se peut qu'il ait
poussé Néron à suivre son impulsion, tout ensachant
que le projet n'aboutirait pas ; et peut-être Néron le
savait-il lui-même. Toujours est-il qu'après la séance
du Sénat, Sénèque rédigea sous le nom du prince un
édit extrêmement important, qui, sans toucher à
l'impôt, apportait de nouvelles entraves au despo-
tisme des puhlicains et accordait en somme satisfac-
tion aux plaintes des intéressés.
Les principales dispositions de cet édit étaient les
suivantes : les traités passés entre l'Etat et ses fer-
miers seront désormais portés par voie d'affiches à la
connaissance du public ; toute créance non recouvrée
dans le délai d'un an à partir de son échéance sera
réputée prescrite 2
; l'immunité des militaires est con-
firmée (exception faite pour ceux qui se livrent au
trafic, auquel cas les objets mis en vente sont frap-
pés des droits ordinaires) ; la perception des rede-
vances du quarantième, du cinquantième et de diffé-
rentes taxes illégales 1
' L'idée
est interdite. L'édit réglait en
était moins chimérique qu'elle ne paraît : d'après Héro-
dien (II, iv, 7), l'empereur Pertinax la reprit, dans des circonstances
un peu différentes, il est vrai, et la mit à exécution. Mais il fallut
bientôt rapporter cette mesure.
- Far une mesure du même ordre, Néron avait déjà, lors du procès
de Pœtus, en 55, anéanti certaines créances arriérées de Yserarium
(Tacite, Ann., XIII, -3). C'était aussi dans les principes d'Auguste
(cf. Suétone, Aug., 32; Dion, LUI, 2). Cela supprime l'industrie
néfaste des spéculateurs intermédiaires.
3 Les publicains exigeaient, par exemple, en sus de la contribution
due à l'Etat, des taxes qu'ils imposaient arbitrairement pour