Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

198 CHEMINEMENT VERS LE POl VOIR
scène semblable :
le décorum resta sauf: mais on se
permit sous cape des mots sanglants qui tirent for-
tune. L'exemple fut donné par Gallion, frère de
Sénèque, et bientôt par Néron lui-même '. En écri-
vant YApokolokyntose i Sénèque savait qu'il plairait à
Néron et ne déplairait pas au public; il prenait en
même temps sa revanche d'avoir dû rédiger malgré
lui un panégyrique ridicule, peut-être aussi d'avoir
dix ans auparavant, de sa propre volonté, si bassement
et si vainement loué Claude. Mais ce Libelle avait en
outre la valeur d'un acte politique. Il contrariait les
visées d'Agrippine, en jetant la dérision et l'opprobre
sur une cérémonie organisée par elle et pour elle.
Surtout l''Apokolokyntose constituait une attaque
énergique contre la plus monarchique des coutumes
du principal, je veux dire celte consecratio, cette
transformation du prince en dieu, cette transfiguration
religieuse du maître temporel, dont la première idée
remontait à César : le coup était si vigoureux, qu'il
jeta sur l'institution un discrédit dont elle ne devait
jamais se relever complètement". Il était impossible
enfin de mettre Néron plus fortement en garde contre
les séductions de la grandeur et les folies de l'omni-
potence .
laudatio funebria de Claude ait été l'œuvre de Sénèque \ Pascal,
Seneca, p. 37 et suiv.). Mais Tacite l'affirme catégorique menl et
ajoute certains détails qui prouvent l'exactitude du fail Âdnotabanl
Beniores primum ex iis <
j u i rerum potiti essenl Neronem aliénée
facundiœ eguiss
1
Dion, LX, 35; Suétone, Nero, 33. Cf Pline le Jeune, Paneg., XI.
Ni ron fit, par la suite, rapporter le décret d'apothéose i t détruire
le temple de Claude commencé par Agrippine sur le mont Caelius
(Suétone, ( laud i . 5 : \ espas .
• Vnii- MniMiiiM'ii el Marquardt, Manuel, t. \ p. 16.
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l'n passage du \ udus, si on le prenait au pied de la lettre, ferai!