Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

l'éducation de néron 175
tcnce. L'indignation des sénateurs fut telle qu'ils
réclamèrent, sans se laisser intimider, la déchéance
du délateur et finirent par l'obtenir 1
. On
peut croire,
sans s'aventurer beaucoup, que Sénèque fut au
nombre de ceux qui résistèrent à Agrippine.
Il est. plus difficile de deviner comment il opina
lorsque Claude lit attribuer par sénatus-consulte aux
jugements de ses procurateurs la même souveraineté
qu'à ses propres jugements-. Les procurateurs du
prince, intendants de ses domaines, collecteurs et
administrateurs de ses revenus, n'étaient tous que
des agents privés; chevaliers ou simples affranchis,
ils tenaient leur mandat de la faveur impériale. Ils
statuèrent désormais sans appel 3
, comme l'empereur
1
Tacite, .Uni., XII. 59.
- Tacite. Ann., XII, 60; Suétone, Claud., 12 ; cf. Digeste, II, xv. S.
19 ; I, xvi, 9, pr.
;
Marquardl {Manuel des Antiquités romaines, t. V, p. 319) et
Bouché-Leclercq {Manuel des Institutions romaines, p. 261) pensent
qu'on pouvait toujours en appeler au prince du jugement d'un de
ses représentants. Telle est, en effet, la doctrine d'Auguste el de
l'Empire en général (cf. Dion, LU, 33: Dig., XLIX, xiv, 47, 1). Mais
le texte de Tacite, corroboré par celui de Suétone, me paraît signi-
fier que Claude ratifie d'avance les sentences de ses procurateurs :
parem mm rerum habendam a procuratoribus suis judicaturum ac
si ipse statuisset: — cum Claudius libertos, quos rei ïamiliari prœfecerat,
sibique et legibnx adœquaverit; — ut rata essent qua; procura-
tores sui in judieando statuèrent. En admettant même que l'appel
demeure recevable en principe, il est, une fois pour toutes, déclaré
inefficace. Cette exigence est si énorme que Claude tient à la faire
sanctionner par une loi et qu'il est obligé de revenir plusieurs fois
à la charge avant de l'obtenir du Sénat. Mais il est certain qu'après
Claude, pe it-être sans qu'un nouveau sénatus-consulte intervînt,
les princes reprirent l'habitude de recevoir les appels de ce genre.
Claude paraît, en somme, avoir voulu faire tout d'un coup pour
ses procurateurs ce que ses successeurs du m e siècle, sanctionnant
un état de eboses qui se sera établi peu à peu, feront en faveur du
préfet du prétoire : les pouvoirs de ce fonctionnaire en tant qu'officier
de justice seront alors renforcés, il deviendra le véritable sub-
stitut de l'empereur et, comme tel, statuera sans appel {Dig-, I, xi,