Vie de Sénèque - College of Stoic Philosophers

210 ACHEMINEMENT VERS LE POUVOIR
états de service, jaloux d'une renommée qui risquait
d'obscurcir la sienne, avait amené à Corbulon les
deux légions qu'il devait Lui céder, pour éviter que
celui-ci ne vînt les chercher en Syrie : il craignail
les comparaisons. Au lieu d'un collaborateur, Cor-
bulon trouvait un rival. Nulle entente ne se fil entre
eux. La consigne était d'éviter la guerre : chacun
de son côté, ils engagèrent des négociations avec
Vologèse et lui demandèrent des otages. Vologèse,
qui ne songeait qu'à gagner du temps, envoya les
plus nobles d'entre les Arsacides. Deux ofliciers,
l'un représentant Quadratus et l'autre Corbulon, se
disputèrent l'honneur de les recevoir. Des officiers
la querelle remonta aux chefs, chacun d'eux s'atlri-
buant le mérite de ce succès. Ils en appelèrent à
l'empereur. Néron, sagement conseillé, réunit les
noms des deux généraux dans la relation officielle
de l'événement 1 .
Comme au lendemain d'une victoire, les faisceaux
impériaux furent couronnés de lauriers. Rome n'avait
pas depuis longtemps conclu de trêve si honorable.
La question d'Arménie ne recevait à vrai dire aucune
solution : Tiridate continuait à occuper nominalement
le trône de ce pays, les Romains à le considérer
comme vacant: tout le monde restait en armes; mais
le péril oriental était momentanément conjuré. Les
Romains n'opposaient (railleurs à Tiridate aucun compétiteur
particulier, et sans doute l'eussenl reconnu
lui-même s'il avait voulu de son côté accepter leur
investiture. Un pouvait donc espérer que L'affaire se
dénouerait finalement sans qu'il y eûi de sang versé.
' Tacite, Ann., Mil. 8.