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télécharger la thèse - fasopo

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ce pouvoir psychique se trouve dans le corps des sorciers, notamment dans une substance<br />

matérielle située à côté de l’intestin et qu’on pourrait détecter à travers une autopsie 107 .<br />

Le succès de <strong>la</strong> distinction witchcraft/sorcery a <strong>la</strong>rgement dépassé les intentions<br />

initiales d’Evans-Pritchard. Ce dernier avait circonscrit <strong>la</strong> valeur euristique de cette distinction<br />

au cas zande. En même temps, une autre raison avait poussé Evans-Pritchard à insister sur les<br />

caractères propres à une sorcellerie/witchcraft qui se distingue de magic et de sorcery. Le titre<br />

de <strong>la</strong> monographie de 1937 n’est pas casuel : dans Witchcraft, Oracles and Magic among the<br />

Azande, <strong>la</strong> magie est reléguée au deuxième p<strong>la</strong>n, tandis que l’attention de l’auteur se focalise<br />

sur <strong>la</strong> sorcellerie – innée, inconsciente et nuisible. Evans-Pritchard s’opposait ainsi à une<br />

longue tradition scientifique, qui avait appréhendée <strong>la</strong> croyance à <strong>la</strong> sorcellerie dans une<br />

perspective intellectualiste et évolutionniste. À partir de The Golden Bough de Sir James<br />

Frazer, <strong>la</strong> magie avait été considérée comme une forme de pensée primitive, qui s’adresse à<br />

ces mêmes problèmes qui sont débattus par <strong>la</strong> science occidentale, mais qui ne peut aboutir<br />

qu’à des réponses inexactes ou partielles. Dans cette perspective, <strong>la</strong> méconnaissance des<br />

principes sur lesquels se fonde le monde naturel amène les peuples « primitifs » à é<strong>la</strong>borer des<br />

pratiques magiques qui prétendent agir sur le monde naturel et influencer ses règles.<br />

Puisqu’elle reconnaît que <strong>la</strong> science occidentale et <strong>la</strong> pensée magique s’adressent aux mêmes<br />

types de problèmes – auxquels elles donnent des réponses diverses sur <strong>la</strong> base de différents<br />

présupposés logiques – <strong>la</strong> perspective évolutionniste aboutit inévitablement à une<br />

« c<strong>la</strong>ssification » dans <strong>la</strong>quelle « magical practices constituted a lower and preliminary form<br />

of the Western rational intellect » (Kapferer, 2003 : 5). Cependant, du fait de l’universalité<br />

des problèmes auxquels le rationalisme occidental et <strong>la</strong> pensée magique s’adressent, cette<br />

dernière peut être conçue comme un effort intellectuel universel – bien que <strong>la</strong>rgement dépassé<br />

par <strong>la</strong> pensée scientifique et philosophique : « In 1930s anthropology, therefore, “magic”<br />

indicated a universal act ; “witchcraft”, a faulty belief held by “others” » (Pels, 1999 : 241).<br />

L’un des objectifs polémiques d’Evans-Pritchard est certainement Bronis<strong>la</strong>w Malinowski,<br />

dont le traitement de <strong>la</strong> notion de « magie » demeure influencé par l’approche intellectualiste<br />

selon lequel « science (and associated logical rationalism) and magical practice necessarily<br />

























































<br />

107 Les caractéristiques des croyances azande à <strong>la</strong> sorcellerie sont <strong>la</strong>rgement partagées dans l’immense région de<br />

l’Afrique centrale, notamment l’idée de <strong>la</strong> sorcellerie comme organe abdominal (Retel-Laurentin, 1974 : 166).<br />

Selon d’autres croyances, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de l’organe abdominal il y aurait un petit animal qui, lui aussi, résiderait<br />

dans le ventre du sorcier. Comme nous l’avons vu, c’est le cas des Banda, où le mot õndro – qui désigne <strong>la</strong><br />

sorcellerie – est apparenté au mot ndŏro, « chat sauvage » (Daigre, 1932 : 662 ; Tisserant, 1931 : 354, 536). En<br />

tant qu’organe abdominal ou en forme animale, cette conception de <strong>la</strong> sorcellerie semble « agir, avec des<br />

modalités diverses, selon un moyen qui lui est propre et qui correspond globalement au concept d’anti-nourriture<br />

(…) <strong>la</strong> sorcellerie agit comme le ver solitaire » (Retel-Laurentin, 1974 : 165) : elle dévore de l’intérieur le corps<br />

où elle réside, en minant <strong>la</strong> santé jusqu’à <strong>la</strong> mort.<br />

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