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télécharger la thèse - fasopo

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compi<strong>la</strong>tions de mythes (par exemple Tegnæus, 1950 : 113), tandis que Éboué par<strong>la</strong>it plutôt<br />

des Agbia vivant au Nord du pays banda 287 (1933 : 59).<br />

Quant aux phases successives du semalì, le Père Tisserant <strong>la</strong>issait entendre qu’avec<br />

l’arrivée des Européens dans <strong>la</strong> région le culte de Ngako<strong>la</strong> aurait perdu sa signification<br />

originaire et son influence « politique » – tandis que les autres « sociétés secrètes » auraient<br />

progressivement disparu. En 1949, il écrivait que « lors de mes premiers contacts (...) avec les<br />

Bandas des tribus togbo et <strong>la</strong>ngouassi, j’ai pu noter que peu d’hommes en faisaient partie [de<br />

<strong>la</strong> « secte de Ngako<strong>la</strong> »]. Les années suivantes, à Bambari, dans plusieurs coins, tous les<br />

hommes libres y avaient accès, au moins dans les grades inférieurs ». Enfin, le missionnaire<br />

illustrait son expérience à travers un exemple : « En 1928, j’ai pu savoir qu’un chef de canton<br />

bien connu, Gérélenji, ne pouvant utiliser à ses fins <strong>la</strong> Société de Ngako<strong>la</strong>, avait eu l’astuce de<br />

faire revivre une ancienne société presque en sommeil, et d’y faire entrer tous les gens de son<br />

canton ; on me raconta que pour y entrer, on devait verser 75 francs, forte somme pour un<br />

Banda à l’époque. Il avait réussi par là à avoir tout son monde en main : au dire de<br />

l’Administration, son canton était celui qui marchait le mieux » 288 .<br />

Le semalì observé par le Père Tisserant au début du XX siècle n’était donc pas une<br />

association c<strong>la</strong>nique. Au contraire, s’agissant d’un culte transversal par rapport aux paliers de<br />

l’organisation lignagère (et de sexe aussi), le semalì aurait gardé un pouvoir « de<br />

contestation » face à « <strong>la</strong> tyrannie des chefs et de leurs conseils ». Autrement dit, dans<br />

l’ancienne société banda les loges semalì auraient exercé un pouvoir alternatif par rapport à<br />

l’autorité lignagère. Dès lors, le problème est de comprendre dans quelle mesure ces deux<br />

autorités auraient pu s’opposer l’une à l’autre et, par conséquent, jusqu’à quel point on peut<br />

considérer le semalì comme une « contestation » par rapport à l’autorité lignagère et à <strong>la</strong><br />

« tyrannie » évoquée par le religieux français.<br />

























































<br />

287 « Des initiés nous ont également affirmé que c’étaient les Agbia qui avaient initié les Banda au culte de<br />

Ngako<strong>la</strong>. Nous ne possédons aucun renseignement sur ces Agbia, qui auraient vécu dans un pays situé au nord<br />

du pays banda actuel » (Éboué, 1933 : 59). Ces hypo<strong>thèse</strong>s sont fascinantes dans <strong>la</strong> mesure où elles renouvellent<br />

le problème du rapport entre les Banda et les figures historiques exerçant un pouvoir personnel et autoritaire ;<br />

cependant elles demeurent justement des hypo<strong>thèse</strong>s, qui doivent être analysées dans leur rapport avec le<br />

discours colonial et missionnaire sur les « sociétés secrètes » africaines.<br />

288 Le c<strong>la</strong>n et <strong>la</strong> religion, ibid. Le même épisode est cité aussi dans une lettre manuscrite « à l’adjudant Vergiat »,<br />

s.d. (probablement datant de 1934), AGCdSE, chemise 2D71.3b4 : ici Gérélenji est indiqué comme « un chef<br />

puissant de <strong>la</strong> région de Bambari ».<br />

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