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avec l’écorce de l’arbre dakpa (1972 : 266). Or, ce dernier est le nom zande du Bauhinia,<br />

l’ẽnge des banda.<br />

Selon notre interlocuteur banda, nos seulement <strong>la</strong> statuette habillée d’ẽnge jouait un<br />

rôle simi<strong>la</strong>ire à celles de Ngako<strong>la</strong> mais, surtout, cet uzu ayo (« personne de bois », où ayo<br />

renvoie au même temps au matériel de <strong>la</strong> statue et aux propriétés qui lui sont rattachées)<br />

pouvait être acheté, amené dans son propre mara, copié et éventuellement revendu. Les objets<br />

cultuels comme l’ẽnge, les uzu ayo, les représentations des esprits, les médicaments/ayo<br />

utilisés dans les différentes associations initiatiques participaient d’un marché des charmes et<br />

ils étaient explicitement recherchés pour leurs propriétés. L’ambivalence des principes et des<br />

pouvoirs rattachés à ces ayo en faisait des objets recherchés et craints.<br />

Revenons une dernière fois sur <strong>la</strong> figure de l’eyiayo – celui qui possède ou qui maîtrise<br />

des ayo, le « dignitaire du culte d’un génie particulier » (Eggen, 1979 : 180). Lorsqu’il<br />

présente l’importance de ces principes « extra-humains » dans l’organisation politique de<br />

l’ancienne société banda, Eggen souligne à juste titre les ambiguïtés de tout eyiayo : « Le<br />

dignitaire d’une puissance extra-humaine (...) est généralement respecté, mais en même temps<br />

craint à double titre. D’abord, l’esprit qu’il dessert peut semer le malheur à n’importe quel<br />

moment ; puis, il peut abuser lui-même de sa position, en employant sa magie au détriment<br />

des autres. Le terme magie est utilisé ici comme dans (...) l’ouvrage d’Evans-Pritchard »<br />

(1976 : 48/d). Ainsi, Eggen précise que les Banda distinguent entre une bonne et une<br />

mauvaise utilisation des ayo, (de « <strong>la</strong> magie ») : « et les confréries entourant un eyiayo<br />

peuvent avoir des objectifs honorables, ou foncièrement pervers » (ibid.). L’ambivalence des<br />

confréries, de leurs initiés et des ayo qu’ils maîtrisent ressort aussi d’un passage du Père<br />

Daigre cité par Eggen, dans lequel le missionnaire français décrivait le « fétiche vengeur »<br />

kudu : « le féticheur s’en sert pour jeter des sorts sur les hommes ou les animaux (...) Le kudu<br />

se charge d’assurer <strong>la</strong> réalisation des souhaits du magicien : le malheur ne tardera pas à<br />

frapper l’homme maléficié ; et bientôt l’animal visé tombera sous les coups du chasseur »<br />

(Daigre, 1931-32 : 689). Or, d’après Eggen, le kudu se serait altéré, en passant du rite<br />

d’initiation des Banda du nord au fétiche vengeur dans <strong>la</strong> région de Bambari – mais Daigre<br />

aurait fourni des informations supplémentaires à Retel-Laurentin en disant que le kudu servait<br />

aussi à éloigner <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die (Eggen, 1976 : 48/d). Grootaers a mené des enquêtes dans l’est de<br />

<strong>la</strong> RCA desquelles ressort que l’association kudu serait originaire de <strong>la</strong> région frontalière entre<br />

<strong>la</strong> RCA et le Soudan. Cet auteur cite un passage d’Eggen, selon lequel kudu et ngako<strong>la</strong> « sont<br />

les grands esprits respectivement de <strong>la</strong> société ngàràgé et nd&kà (le plus souvent nommé :<br />

semalì) (...) Le rituel de tous ces cultes est en effet très semb<strong>la</strong>ble et on peut y ajouter celui de<br />

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