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CHAPITRE IV<br />

Du semalì à <strong>la</strong> sorcellerie. Dérisions et stéréotypes<br />

I. Similitudes et contradictions des souvenirs du semalì<br />

Par <strong>la</strong> suite, nous allons reconstruire le « glissement » qui a fait de l’association semalì<br />

une sorte de modèle dans <strong>la</strong> description des sorciers et de leurs activités.<br />

Un profond déca<strong>la</strong>ge sépare les descriptions du semalì que nous possédons – et qui<br />

s’arrêtent aux travaux des premiers explorateurs, administrateurs et missionnaires – et les<br />

témoignages que nous présentons par <strong>la</strong> suite, recueillis dans <strong>la</strong> Ouaka entre 2005 et 2008.<br />

Certes, si l’on fait confiance au Père Tisserant et à l’administrateur Félix Éboué le culte<br />

semalì qu’ils avaient connu au début de leurs séjours centrafricains était en voie de disparition<br />

déjà dans les années 30. Pourtant, nous savons que trente ans plus tard le prophète Ngoutidé<br />

s’est opposé aux affiliés à l’association, en brû<strong>la</strong>nt de nombreux objets cultuels. L’envergure<br />

de <strong>la</strong> mission de Ngoutidé fut considérable, ce qui s’explique seulement si le prophète banda a<br />

trouvé, à partir de 1963, une certaine opposition de <strong>la</strong> part des anciens semalì. Autrement dit,<br />

il devait y avoir encore beaucoup à « détruire ». Dix ans plus tard, Wiel Eggen témoigne dans<br />

sa monographie d’un procès en « diabolisation » du semalì déjà avancé : le culte était<br />

désormais associé à <strong>la</strong> sorcellerie et <strong>la</strong> figure de Ngako<strong>la</strong> était rapprochée du diable chrétien<br />

(Eggen, 1979 : 176-177).<br />

Nous avons vu aussi que dans <strong>la</strong> première moitié du XX siècle le culte avait assumé<br />

des fonctions et des finalités différentes. Le semalì avait été (et il avait été aussi considéré<br />

comme) une associations « politique », une cour de justice qui ne prévoyait discussions ni<br />

appels et qui exécutait ses victimes, un ayo – c’est-à-dire une association qui garantissait une<br />

certaine protection à travers <strong>la</strong> maîtrise, <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> transmission des remèdes pour<br />

« se mettre à l’abri d’une ma<strong>la</strong>die (...) pour obtenir tel genre de réussite » (selon ce que<br />

Tisserant écrivit à Vergiat). À travers les témoignages cités dans ce chapitre nous verrons que<br />

vers les années 50 et 60, le semalì était aussi une initiation « traditionnelle », qui reprenait et<br />

renforçait les valeurs et les enseignements transmis pendant <strong>la</strong> ganza, <strong>la</strong> cérémonie de <strong>la</strong><br />

circoncision. Le rapprochement entre les deux initiations est évident dans les passages<br />

d’entretiens que nous présenterons : c’est autour de ce rapprochement que <strong>la</strong> <strong>la</strong>mentation pour<br />

<strong>la</strong> disparition de <strong>la</strong> manderœ banda s’organise. Dans cette <strong>la</strong>mentation, l’abandon des deux<br />

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