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télécharger la thèse - fasopo

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emarquable, Ngoutidé porta des coups décisifs au culte que les missionnaires et les<br />

administrateurs n’avaient jamais arrêté de combattre mais qu’ils n’avaient pas réussi à<br />

éradiquer. Le prophète était suivi par des milliers de personnes. Il arriva dans <strong>la</strong> région de<br />

Baka<strong>la</strong>, le berceau du culte semalì ngbangwere ongu, du « Sacrifice fait pour un ma<strong>la</strong>de (...)<br />

c’est le Badagi ou Ngako<strong>la</strong> ongu qui (...) le demande » auquel Tisserant assista dans les<br />

années 20, des sectes « semalì-Badagui » décrites par Vergiat dans sa correspondance et puis<br />

dans ses publications. Ici, une foule énorme rejoignit Ngoutidé. Lui, il se dép<strong>la</strong>çait en vélo –<br />

puisqu’à <strong>la</strong> différence de Boganda il ne possédait pas de moto. Pourtant, il suivait <strong>la</strong> trace du<br />

Président : de Bambari il rejoignit Baka<strong>la</strong>, puis Grimari, sans oublier que les débuts de sa<br />

mission furent dans <strong>la</strong> région de Kouango. Vingt ans plus tôt, de 1943 à 1946, l’abbé Boganda<br />

était affecté dans <strong>la</strong> Ouaka, où il était nommé responsable du « secteur Grimari-Baka<strong>la</strong>-<br />

Kouango » (Pénel, 1995 : 23).<br />

Nous ne saurons jamais si le jeune Raymond Gonemba-Obal fut parmi les enfants qui<br />

accompagnaient Boganda dans <strong>la</strong> destruction des « monstruosités » : les bada de Ngako<strong>la</strong>.<br />

Probablement, avant le départ de Boganda de <strong>la</strong> Ouaka en 1946, Raymond était déjà arrivé à<br />

Bambari : il pouvait avoir alors sept ans. M. Frameau n’a jamais pu (voulu ?) répondre à nos<br />

questions sur ce sujet. Il nous a donc <strong>la</strong>issé dans le doute – ce qui nous semble s’accorder<br />

avec <strong>la</strong> story du prophète banda, avec les photographies voilées trouvées à Lioua et,<br />

finalement, avec un souvenir personnel que Wiel Eggen nous a communiqué en 2009 et que<br />

nous nous permettons de citer : « Est-ce que je <strong>la</strong>i connu ou rencontré ? Un jour (fin 1974), je<br />

me promenais en banlieue occidentale de Bambari : un groupuscule de gens excitait les gens<br />

du quartier. À l'époque, je faisais une petite recherche parmi les écoliers de Bambari en<br />

venant de l'intérieur. J’étais en route d’Ippy vers Bangui, et le séjour a Bambari était assez<br />

court. Quand j’ai vu ce groupuscule, j’ai demandé des renseignements, pour apprendre qu’il<br />

s'agissait d’amis de Ngoutidé. On en par<strong>la</strong>it en rigo<strong>la</strong>nt, et on me dit de ne pas être sûr s'il<br />

était parmi eux. On le considérait comme un type curieux. Mais comme ils étaient déjà à<br />

quelque distance, je ne les ai pas suivis (aussi parce que j’étais pris par d'autres sujets et que je<br />

n'étais par sûr qu’il s’agissait bien de lui) ». Voilà donc l’image de Ngoutidé que nous<br />

retenons : un homme qui s’éloigne du chercheur, entouré d’autres gens – des gens qui parlent<br />

à sa p<strong>la</strong>ce – dans une ville que nous ne connaîtrons jamais, vingt ans avant notre arrivée à<br />

Bambari. Le temps a fait le reste – sur les souvenirs, sur les récits biographiques et aussi sur<br />

les images conservées dans <strong>la</strong> grande maison « en dur » à Lioua. Revenons alors à <strong>la</strong> seule<br />

chose que nous possédons : nos matériaux d’enquête, et ces coïncidences qui deviennent de<br />

plus en plus un fil rouge entre les données ethnographiques et d’archive.<br />

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