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peuvent expliquer qu’une partie du « succès » de ce dispositif discursif – ce qui fait<br />

qu’aujourd’hui nos interlocuteurs continuent de le répéter d’une manière obsessionnelle.<br />

Autrement dit, nous devons interroger <strong>la</strong> façon dont cette figure a agi (et continue à agir) sur<br />

l’imaginaire banda de <strong>la</strong> sorcellerie.<br />

VIII. De <strong>la</strong> dérision comme mode d’imposition de <strong>la</strong> « vérité » missionnaire<br />

Nous pouvons reprendre maintenant les observations de Florence Bernault à propos<br />

des dispositifs idéologiques et lexicaux à travers lesquels les Missionnaires spiritains<br />

abordèrent les croyances indigènes en Afrique équatoriale. Si, comme nous avons vu dans le<br />

chapitre précédent, les Missions « ne dramatisèrent pas le fétichisme comme (...) une emprise<br />

satanique inséparable de l’ordre spirituel local » (Bernault, 2009 : 755), c’est dans une autre<br />

direction qu’il nous faut rechercher les raisons de <strong>la</strong> « performativité » du stéréotype semalì.<br />

Plus précisément, nous prêtons attention au paternalisme, au mépris et à <strong>la</strong> dérision – ici<br />

conçus comme des stratégies auxquelles les missionnaires et les administrateurs firent recours<br />

dans leur projet de perfectionnement et de domination de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion banda.<br />

Elikia M’Bokolo a défini <strong>la</strong> politique de Félix Éboué en Afrique équatoriale comme<br />

« un mé<strong>la</strong>nge de paternalisme et de c<strong>la</strong>irvoyance politique » (1981 : 394 ; sur les écrits<br />

ethnographiques d’Éboué à l’époque de ses séjours oubanguiens, de L’Estoile, 2000 : 303-<br />

305). Les lettres de Barthélémy Boganda écrites de <strong>la</strong> Ouaka – que nous avons déjà analysées<br />

– démontrent que l’abbé partageait avec d’autres religieux catholiques un mé<strong>la</strong>nge de<br />

paternalisme, de supériorité et de dérision par rapport aux croyances « indigènes ». Dans <strong>la</strong><br />

correspondance du futur Président centrafricain, ces trois attitudes aboutissaient à <strong>la</strong><br />

description du « fétichisme » banda comme d’une « monstruosité ». Dans l’ensemble, ces<br />

opinions participent de ce que Valentin Y. Mudimbe a appelé the authority of truth, l’é<strong>la</strong>n de<br />

<strong>la</strong> conversion qui passerait par <strong>la</strong> régénération culturelle et socio-politique, le progrès<br />

économique, <strong>la</strong> salvation spirituelle des popu<strong>la</strong>tions africaines (Mudimbe, 1988 : 47).<br />

Autrement dit, le « perfectionnement » de l’homme banda, prôné par Boganda dans sa<br />

correspondance des années 40.<br />

Selon le philosophe camerounais Eboussi-Bou<strong>la</strong>ga (cité in Mudimbe, ibid. : 51-52 ;<br />

voir aussi Tonda, 2005 : 131) l’imposition de cette vérité – qu’on qualifie d’autoritaire – se fit<br />

























































<br />

dans <strong>la</strong> formation des anciens cadres du pays » (Kinata, 2008 : 562). À propos de l’organisation de l’instruction<br />

avant et après l’Indépendance, voir aussi Eggen (1976 : 9, 36/a-f).<br />

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