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télécharger la thèse - fasopo

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cultes aurait entraîné <strong>la</strong> disparition de leurs valeurs pédagogiques et, par conséquent, le<br />

désordre social actuel – dont <strong>la</strong> prolifération de <strong>la</strong> sorcellerie serait l’une des manifestations<br />

principales.<br />

Précisons un aspect d’ordre méthodologique. Après avoir analysé les documents qui<br />

nous ont permis de situer le culte de Ngako<strong>la</strong> dans son contexte socio-historique, nous<br />

amorçons ici l’étude des récits recueillis lors de notre fieldwork. Dans ces derniers il ne faut<br />

pas s’attendre à repérer des distinctions nettes entre les fonctions du semalì que nous venons<br />

de résumer. Aujourd’hui, le culte de Ngako<strong>la</strong> n’est plus qu’un souvenir dans lequel le regret<br />

nostalgique pour les valeurs des aïeux se mêle à <strong>la</strong> dénonciation explicite de leur<br />

« fétichisme ». Dans les passages d’entretiens que nous allons citer il s’avère difficile de<br />

distinguer entre le regret ou le mépris : nos interlocuteurs superposent ces deux moments<br />

discursifs, ils ne les juxtaposent pas. C’est donc en vertu d’une abstraction analytique que<br />

nous proposons de distinguer dans ces récits trois « temps » discursifs – articulés dans <strong>la</strong><br />

séquence suivante.<br />

Dans le premier « temps », le semalì est décrit soit comme « le chrétien à Ngako<strong>la</strong> »,<br />

où ce dernier est assimilé au « dieu des Banda », soit comme « l’éducation traditionnelle »,<br />

parfois « de l’endurance » 348 . Ici, on est dans le champ de <strong>la</strong> « réinvention de <strong>la</strong> tradition » et<br />

de l’appréciation : le semalì, participe de <strong>la</strong> manderœ banda. Cette « manière d’agir venant<br />

des ancêtres » (Tisserant, 1931) est rœ kuzu kuzu, une « chose morte » 349 qui appartient au<br />

passé et dont <strong>la</strong> disparition fait l’objet d’une <strong>la</strong>mentation.<br />

Dans le deuxième « temps », <strong>la</strong> plupart des récits introduit un élément de<br />

contradiction. Le semalì est défini comme une sorte de « tricherie » : un système grâce auquel<br />

les vieux initiés se faisaient offrir des cabris et des poulets de <strong>la</strong> part des non-initiés, ces<br />

derniers étant des naïfs et des craintifs. Ici, manifestement, le discours de nos interlocuteurs<br />

emprunte des éléments à <strong>la</strong> « bibliothèque coloniale » via <strong>la</strong> prédication des missionnaires<br />

catholiques. Dans l’ensemble, ce qui retiendra notre attention sera moins le cliché du « vieux<br />

semalì affamé » que <strong>la</strong> nécessité, avertie par nos interlocuteurs, de recourir à ce genre de<br />

stéréotypes pour décrire une association initiatique du passé.<br />

Dans le troisième « temps », le semalì est plus c<strong>la</strong>irement associé à <strong>la</strong> sorcellerie : le<br />

témoignage présenté dans le prochain paragraphe est exemp<strong>la</strong>ire. À ce niveau des récits – et<br />

























































<br />

348 Dans l’ordre : à Bambari, Faustin Rawago, le 22 juin 2008. Victor Madayeka le 25 mai 2005. Pour M.<br />

Frameau, « La ganza c’est de l’éducation militaire » (Bambari, le 14 juin 2005) et de nouveau Victor Madayeka<br />

qui définit le semalì de l’endurance.<br />

349 Louise Eredeyo, Bambari, le 17 mai 2006.<br />

240


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