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télécharger la thèse - fasopo

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<strong>la</strong> parole du haut d’une position supérieure et où le chef (...) tisse une texture sociale<br />

imbriquée » (ibid. : 37/d). Ainsi, ni l’eyiewo ni l’eyigbenge ne possédaient un pouvoir<br />

politique et décisionnel exclusif, ce dernier reposant plutôt sur l’ensemble des a<strong>la</strong>ba (pluriel<br />

de aba, « pères » et « parents ») : les hommes adultes appartenant au c<strong>la</strong>n dominant du<br />

vil<strong>la</strong>ge, quel que soit leur lignage d’appartenance. En écrivant à propos des Banda M’Bres,<br />

Tamara Giles-Vernick évoque <strong>la</strong> figure de l’eyiogo – que nos interlocuteurs, en revanche,<br />

citent rarement (Giles-Vernick, 1997 : 262). Si les renseignements sur les « chefs de c<strong>la</strong>n »<br />

aboutissent à <strong>la</strong> description d’une autorité partagée entre les figures diverses que nous avons<br />

décrites, l’eyiogo ne se soustrait guère à ce type d’analyse puisque il ne disposait lui non plus<br />

d’un pouvoir coercitif et exclusif (Bigo, 1988 : 21). L’eyiogo, que Bigo définit « chef de<br />

lignage » (ibid.) et Eggen « maître de l’hameau, titre propre jadis à chaque chef de lignage »<br />

(1976 : 45/d), disposait à l’intérieur du vil<strong>la</strong>ge du pouvoir décisionnel le plus élevé mais ses<br />

décisions étaient, une fois de plus, soumise à l’autorité des a<strong>la</strong>ba – « y compris ceux qui ne<br />

sont pas de son lignage, mais vivent malgré tout dans le vil<strong>la</strong>ge du lignage ». Par ailleurs, les<br />

mêmes remarques s’adaptent à une dernière figure aussi, le ngere, qui présidait le conseil des<br />

notables dans le vil<strong>la</strong>ge. Ce dernier, à <strong>la</strong> différence de <strong>la</strong> plupart des figures politiques ici<br />

décrites, n’était pas nécessairement un eyiayo, le « dignitaire d’une puissance extra-humaine »<br />

(ibid. : 48/c) – ici dans le sens d’un génie ou esprit, source d’autorité : « Il suffisait qu’il fût<br />

un membre respecté de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des a<strong>la</strong>ba. Ses interventions avaient une force de persuasion<br />

d’ordre rationnel et il faut souligner <strong>la</strong> nature temporaire de sa fonction » (ibid. : 45/e) 299 . On<br />

comprend donc que, au moment de <strong>la</strong> rencontre coloniale, les Européens n’ont pu trouver<br />

dans ce type de société rien de comparable à un pouvoir « centralisé » : ce que les auteurs de<br />

<strong>la</strong> « bibliothèque coloniale » n’ont pas manqué d’attribuer aux dégâts provoqués par des<br />

décennies de migrations forcées. Si d’un côté « les Banda ne connaissent aucune organisation<br />

politique au dessus du niveau des unités de migration répartissant le territoire en fonction des<br />

c<strong>la</strong>ns membres, suivant un modèle qui fixe l’emp<strong>la</strong>cement des sanctuaires du yewo c<strong>la</strong>nique<br />

et les terrains de chasse au feu » (ibid. : 45/b), de l’autre le pouvoir de décision reposait sur <strong>la</strong><br />

collectivité représentée par une pluralité de figures associés soit au culte des ancêtres, soit à<br />

celui de <strong>la</strong> guerre ou de <strong>la</strong> chasse et ainsi de suite.<br />

























































<br />

299 En revenant en 1979 sur certains aspects de l’ancienne société banda, Wiel Eggen écrit que « Le pouvoir<br />

suprême était détenu par le conseil vil<strong>la</strong>geois présidé par le ngéré (« le grand »), un chef charismatique qui<br />

abandonnait plus ou moins spontanément son rôle dès que <strong>la</strong> vieillesse réduisait ses forces », et il ajoutait que<br />

« Une grande partie des chefs de quartier (yogo) étaient les dignitaires du culte d’un génie particulier (ayo) »<br />

(1979 : 180).<br />

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