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évidence, l’eyiewo jouait un rôle crucial pour <strong>la</strong> cohésion du c<strong>la</strong>n. Pourtant, nos interlocuteurs<br />

banda son généralement d’accord : ce n’était pas l’eyiewo le chef du mara, mais une autre<br />

figure : l’eyigbenge 291 . En effet, s’il est vrai que les Banda ne connaissent pas d’ancêtre<br />

commun et que, par conséquent, ils « n’ont pas d’organisation pyramidale où le pouvoir<br />

reposerait sur un lignage censé le plus rapproché de l’ancêtre » (ibid. : 45/b), nos<br />

interlocuteurs les plus âgés se rappellent encore les noms propres des ayigbenge, et ils les<br />

énumèrent suivant les vil<strong>la</strong>ges sur lesquels ces derniers exerçaient leur autorité 292 . En outre,<br />

ils ajoutent que l’eyigbenge était habilité à porter sur les disputes à l’intérieur du vil<strong>la</strong>ge et<br />

qu’il administrait <strong>la</strong> justice – en s’appuyant sur une autorité diverse par rapport à celle des<br />

semalì.<br />

Le gbenge est défini par Eggen « le génie de <strong>la</strong> guerre » (ibid. : 47), tandis que pour le<br />

Père Daigre il s’agissait du « fétiche de <strong>la</strong> guerre » (1932 : 685). Ce dernier auteur nous a<br />

<strong>la</strong>issé des descriptions du gbenge qui, sans être nécessairement contradictoires, nécessitent de<br />

précisions. En 1932, Daigre s’attardait longuement sur <strong>la</strong> description de scènes atroces<br />

d’hécatombe : au gbenge, (décrit comme le fétiche banda le plus important) on offrait en<br />

sacrifice soit des animaux domestiques, soit les coupables d’adultère ou d’un autre grave délit<br />

(ibid.). Sans approfondir ultérieurement ce point, le religieux français passait à <strong>la</strong> description<br />

des sacrifices humains – « <strong>la</strong> victime est écartelée et, avant qu’elle ne soit morte, elle est<br />

dépecée avec férocité par le chef et ses satellites » – des scènes d’anthropophagie – « le foie et<br />

le cœur sont offerts au fétiche et le cadavre est mangé par les guerriers » – sans oublier<br />

l’empalement – « quelquefois, <strong>la</strong> victime est simplement empalée vivante et exposée jusqu’à<br />

complète décomposition à l’entrée de <strong>la</strong> case où est déposé le fétiche » (ibid.) 293 . Pourtant,<br />

dans un texte dactylographié et sans date 294 , cet auteur nous a <strong>la</strong>issé une description beaucoup<br />

plus précieuse : « <strong>la</strong> tribu est divisée en c<strong>la</strong>ns, lesquels comprennent à leur tour plusieurs<br />

























































<br />

291 Entretien avec Benoît Nguipouganza, Bambari, 8 mars 2006 : le père de Benoît était un eyigbenge.<br />

292 À ce propos, on lira aussi le texte déjà cité « Histoire du pays de Bambari », écrit en 1955 par un certain Jean<br />

Morokamba, un ancien fonctionnaire et écrivain public de <strong>la</strong> Ouaka (rappelons que le texte est inclus dans<br />

Ouaka 1900-1920 du Père de Banville, ou repérable aux AGCdSE, Fond de Banville, boîte 6.7). Nous attribuons<br />

à ce document une valeur de « témoignage », autrement dit il est un discours sur le passé qui nous offre une<br />

interprétation locale de <strong>la</strong> tradition banda. Dans ce texte on peut lire : « Avant l’arrivée des Français, <strong>la</strong> Ouaka<br />

était commandée par des chefs de différentes races, dont le principal était Kobodo, de race Ouassa, vil<strong>la</strong>ge<br />

Kapabanga, canton [sic] Yangoupou (…) quand il y avait <strong>la</strong> guerre contre ses ennemis, kobodo était le seul chef<br />

(…) il était respecté par tout le monde. On le nommait « Hingbengue », en banda, ce qui veut dire : celui qui<br />

domine tout ».<br />

293 Tout ça, selon le Père Daigre, en temps de paix. En temps de guerre, « Après <strong>la</strong> victoire, une hécatombe de<br />

prisonniers est faite (...) Les cœurs et les foies sont réservés au fétiche, les têtes sont exposées sur de longues<br />

perches et les cadavres mangés par les vainqueurs » (1932 : 686 ; lire aussi 1947 : 66-67).<br />

294 L’état social chez les Bandas. Document dactylographié, 83 p. Nous n’avons pu repérer aucune copie de ce<br />

document : par conséquent, nous utilisons les passages cités dans <strong>la</strong> monographie de Marylise Raynal sur le<br />

phénomène criminel en Centrafrique (1994). Cet auteur a pu consulter une copie dans les Archives de l’ENAM à<br />

Bangui.<br />

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