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IV. Le semalì : l’initiation de Michel<br />

À Bambari, nous avons interviewé Michel, un ancien semalì né en 1937 370 . Michel a<br />

été initié à l’âge de treize ans, en 1950. Avec ses camarades de promotion – deux de ses demi-<br />

frères – il a passé un mois et demi dans un bada apprêté hors de <strong>la</strong> ville de Bambari.<br />

Originairement, ils auraient dû rester dans le camp de Ngako<strong>la</strong> pour trois mois mais ils ont dû<br />

s’adapter à <strong>la</strong> période des congés sco<strong>la</strong>ires. Par ailleurs, <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> ganza et du semalì<br />

aurait dû être <strong>la</strong> même, trois mois : seulement, notre interlocuteur nous rappelle que si <strong>la</strong><br />

première est essentiellement liée à <strong>la</strong> circoncision, qui a lieu dans un camp appelé aba où les<br />

novices apprennent les techniques de <strong>la</strong> chasse et de <strong>la</strong> pêche et à tresser un filet, dans le<br />

semalì « on offre l’initié, le ndulu 371 , à un dieu-statue, un uzu ayo » 372 . Dans l’initiation de<br />

Michel il n’y a pas eu d’inhumation rituelle. En revanche, on lui a montré l’urine et les<br />

excréments de Ngako<strong>la</strong> et il a été oint avec le folo que, dit-il, les gbangaυa utilisaient pour<br />

soigner les blessures faites aux novices avec les griffes de panthère. Lors des repas, les ndulu<br />

étaient assis en rond et ils ne se regardaient pas dans les yeux. Chaque ndulu prenait un<br />

morceau de nourriture ayant soin de <strong>la</strong>isser toujours quelque chose à manger à ses camarades<br />

d’initiation. Au moment de voir Ngako<strong>la</strong>, un coup de sifflet signa<strong>la</strong>it aux ndulu de fermer les<br />

yeux et de se jeter au sol. Ngako<strong>la</strong> – qui par<strong>la</strong>it avec une voix gutturale que Michel reproduit<br />

en se pinçant le nez et en se battant <strong>la</strong> gorge (et en riant) – appe<strong>la</strong>it chaque ndulu avec son<br />

nom d’initiation en lui disant de se lever. Sur une <strong>la</strong>rge pierre deux statuettes étaient<br />

disposées : Ngako<strong>la</strong> et sa femme Yambissi. Chaque ndulu était obligé de regarder les azu<br />

ayo : les gbangaυa lui disaient « regarde, Ngako<strong>la</strong> est là, Yambissi est là », et ils lui griffaient<br />

le dos. Lorsqu’il revenait au cercle des ndulu c’était le tour d’un camarade d’aller voir<br />

Ngako<strong>la</strong> et sa femme. Les ndulu ne tenaient dans les mains aucune reproduction de <strong>la</strong> houe ni<br />

un couteau de jet ou une sagaie rituelle 373 . Au moment de <strong>la</strong> sortie du bada, les nouveaux<br />

semalì regagnaient le vil<strong>la</strong>ge, se couvrant le visage avec leurs mains jointes. Pour les femmes,<br />

selon Michel, c’était différent : on tressait une sorte de coiffure qui couvrait le visage, appelée<br />

























































<br />

370 Entretien recueilli le 13 juin 2007 à Bambari.<br />

371 Le ndulu, à <strong>la</strong> lettre, n’est pas un grade d’initiation mais il indique une personne qui n’est pas initiée à un<br />

culte. Rappelons aussi que ce terme ne s’adaptait pas à <strong>la</strong> ganza : dans ce cas les non-circoncis étaient appelés<br />

omvo.<br />

372 Nous retrouvons ici l’expression uzu ayo, rencontrée dans <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> statuette du Musée Boganda<br />

habillée d’ẽnge. Uzu signifie « homme » et donc uzu ayo est « l’homme de bois » ou « <strong>la</strong> représentation<br />

matérielle des esprits (...) statues plus ou moins complètes » (Tisserant, 1931 : 364). Notons aussi que dans le<br />

contexte de <strong>la</strong> ganza le terme ayo change radicalement de sens : c’est le « médicament » avec lequel les<br />

ataganza, les parrains d’initiation, soignent <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie de <strong>la</strong> circoncision.<br />

373 En regardant les objets dans les mains des initiés semalì photographiés par Vergiat, Michel dit que ces<br />

derniers sont des ganza, non pas des initiés à Ngako<strong>la</strong>.<br />

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