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télécharger la thèse - fasopo

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sens que, à l’inverse du mani zande, on peut dire que le semalì contribuait aussi à renforcer<br />

l’unité des groupes banda en dép<strong>la</strong>cement, dans un premier temps à cause de <strong>la</strong> traite<br />

esc<strong>la</strong>vagiste, puis ultérieurement face aux dép<strong>la</strong>cements imposés par l’administration. Dans le<br />

prochain chapitre nous verrons qu’encore dans les années 50 et 60 d’importantes fonctions<br />

pédagogiques étaient associées à l’initiation à Ngako<strong>la</strong>.<br />

Les Français (administrateurs, missionnaires et ethnologues) rendirent péjoratif ce<br />

terme de « fétiche » (Laburthe-Tolra, 1985 : 140). Dès lors, <strong>la</strong> notion de ayo participa du<br />

même misunderstanding qui affecta <strong>la</strong> notion de õndro/sorcellerie, <strong>la</strong> figure de<br />

l’eyilingu/Yilingu, le « problème du Dieu banda ». Le terme ayo se trouva inclus dans<br />

« l’étonnante histoire théorique » du mot fétiche (Pietz, 2005 : 7), avec tout ce que <strong>la</strong><br />

bibliothèque coloniale décida de c<strong>la</strong>sser parmi les « fétiches africains ». À travers les schèmes<br />

dichotomiques introduits par les missionnaires, le caractère « terrorisant » des gbangaυa, de<br />

leurs jugements et des exécutions en forêt, fut exagéré au détriment des aspects du culte qui<br />

concernaient plus directement les remèdes et <strong>la</strong> guérison via le recours à Ngako<strong>la</strong>.<br />

Aujourd’hui, dans certains témoignages que nous avons présenté, ces deux aspects du semalì<br />

sont évoqués l’un après l’autre, de façon que le souvenir de nos interlocuteurs semble être<br />

contradictoire – toujours bascu<strong>la</strong>nt entre le mépris pour le caractère « fétichiste » du culte et<br />

sa violence d’un côté, et l’appréciation de ses fonctions thérapeutiques de l’autre. À travers <strong>la</strong><br />

notion de réversibilité, nous proposons de renverser cette contradiction apparente, pour en<br />

faire un important principe analytique des ambivalences propres au monde de <strong>la</strong> sorcellerie et<br />

de ses opposants, les nganga.<br />

La notion de ayo est beaucoup plus dynamique que ce que <strong>la</strong> traduction coloniale par<br />

« fétiche » <strong>la</strong>isse apparaître. Le fait que l’ẽnge puisse être acheté et vendu, démontre que le<br />

culte se situait dans un marché des « charmes » ouvert à l’échange et à l’innovation, dans<br />

lequel les savoirs médical et occultes – intimement liés – pouvaient aboutir à des<br />

compositions nouvelles et particulières (Guyer, 2000 : 107-108). Par conséquent, ayo n’est<br />

pas une notion dont le sens serait préfixé puisque, au contraire, ce dernier change en<br />

s’adaptant aux nouveautés et selon les contextes d’application. Dans notre étude des cas de<br />

sorcellerie nous verrons dans quelle mesure <strong>la</strong> démarche anthropologique, comme tout savoir<br />

occidental, est perçue elle-même par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion comme un ayo, un « remède », un<br />

« blindage » contre les malheurs. Cependant, pour comprendre <strong>la</strong> portée d’une telle<br />

provocative situation – selon <strong>la</strong> définition que nous avons proposée plus haut – il est<br />

nécessaire au préa<strong>la</strong>ble de préciser que le spectre sémantique de cette notion est irréductible<br />

au principe de contradiction qui guide l’appréhension occidentale des concepts de « ma<strong>la</strong>die »<br />

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