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télécharger la thèse - fasopo

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interprétée comme le signe d’un abandon progressif, mais en tant qu’indice d’un phénomène<br />

rapide et violent, visant <strong>la</strong> destruction et l’effacement des symboles matériels sur lesquels<br />

l’autorité des semalì et l’efficacité des ayo de Ngako<strong>la</strong> s’appuyaient (et avec lesquels ils<br />

étaient identifiés).<br />

Nous sommes renforcés dans notre opinion par des recherches que nous avons menées<br />

au Musée Boganda, à Bangui, où nous avons pu consulter les centaines de fiches descriptives<br />

des objets jadis exposés. La plupart de ces objets sont perdus, détruits ou volés. La fiche nº<br />

67-29 (ill. 42 et 43) correspondait à une sculpture féminine Yasi Ngako<strong>la</strong> 630 des Banda<br />

Dakpwa, achetée à Baka<strong>la</strong> le 14 janvier 1967. Au verso de cette fiche, le conservateur du<br />

Musée précisait : « Dans cette région toutes les statues, effigies de bois de Génies Banda ont<br />

été détruites après le passage d’un démiurge local ». Effectivement, nous avons vu qu’en 1964<br />

et 1965 le prophète était de passage à Baka<strong>la</strong> où, selon le missionnaire catholique, il<br />

« démolissait les instal<strong>la</strong>tions fétichistes, prenait les fétiches avec mépris et il les jetait au<br />

feu ».<br />

Parmi nos informateurs, ceux qui ne se réfèrent pas explicitement à Ngako<strong>la</strong> utilisent<br />

d’autres mots et des formules que nous avons déjà rencontrés à plusieurs reprises. Ainsi, par<br />

exemple, l’un des fils de Ngoutidé 631 , nous a dit que <strong>la</strong> mission de son père envisageait les<br />

« féticheurs », parmi lesquels il compte les azu compliqués, les meuru, les ayiayo. La<br />

première formule – introduite par le mot azu, pluriel de ozu, « homme », « personne » –<br />

renvoie au vocabu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> sorcellerie, dans lequel les « batailles mystiques » sont<br />

combattues par des « personnes compliquées », c’est-à-dire les sorciers et les nganga. Les<br />

meuru – en banda, « je souffle » – sont les métamorphoseurs : nous avons analysé ce mot plus<br />

haut, dans son rapport au synonyme urukuzu, « souffler <strong>la</strong> mort ». Quant aux ayiayo, nous ne<br />

revenons pas ici sur <strong>la</strong> polysémie de ce mot, qui renvoie à <strong>la</strong> réversibilité des pouvoirs<br />

mystiques, et qui peut s’appliquer tant aux sorciers qu’aux personnes comme Josiane, Aimé-<br />

























































<br />

ce qui <strong>la</strong>isse penser qu’il s’agit plutôt d’une référence réinventée dans le contexte de <strong>la</strong> disparition des<br />

significations originaires. Cette absence d’objets contraste avec <strong>la</strong> survivance du nom de Ngako<strong>la</strong> en tant que<br />

référence première à <strong>la</strong> « religion banda ». On se rappellera ici de ce que nous avons écrit à propos de <strong>la</strong> statuette<br />

habillée d’ẽnge et des commentaires d’un interlocuteur Banda Broto, à Bambari. Les voix sur l’existence d’une<br />

« statuette de Ngako<strong>la</strong> » conservée quelque part dans <strong>la</strong> Ouaka – normalement dans un vil<strong>la</strong>ge « un peu plus en<br />

là » – nous ont amenés dans de longues pérégrinations, toujours inutiles. En réalité, <strong>la</strong> force analytique de ces<br />

voix est exactement <strong>la</strong> même que nous avons reconnue dans les conseils de nos interlocuteurs, pour lesquels il<br />

était indispensable que nous allâmes dans un autre vil<strong>la</strong>ge ou dans une autre Préfecture, là où nous aurions<br />

certainement vu des sorciers qui volent sur le ba<strong>la</strong>i et qui auraient pu nous montrer les secrets de <strong>la</strong><br />

métamorphose.<br />

630 Yasi ou yase signifie, en banda, « femme » et donc ici « <strong>la</strong> femme de Ngako<strong>la</strong> ».<br />

631 À Lioua, le 23 juin 2007.<br />

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