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par un comportement socialement maîtrisé plutôt que dans des doctrines. D’où <strong>la</strong> difficulté<br />

d’agiter <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> sorcellerie avec les Azandé, car leurs idées sont emprisonnées dans<br />

l’action : on ne peut les citer pour expliquer et justifier l’action » (1972 : 117). Il n’y a donc<br />

pas, d’après Evans-Pritchard, une doctrine qui informe l’action, mais seulement une action<br />

cohérente avec <strong>la</strong> croyance, un socially controlled behaviour dont le fonctionnement est réglé<br />

par <strong>la</strong> croyance mais dont <strong>la</strong> justification ne semblerait pas, en dernier ressort, faire l’objet de<br />

spécu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> part des Azande « emprisonnés dans l’action ».<br />

Le fait de reconnaître dans <strong>la</strong> sorcellerie une pensée réglée par des lois logiques<br />

incontournables et spécifiques, contribue non seulement à dé-exotiser cette croyance en tant<br />

qu’objet d’analyse ethnographique, mais aussi à mettre en doute les catégories savantes avec<br />

lesquelles <strong>la</strong> discipline anthropologique aborde ce thème. C’est à partir de ces interrogations<br />

épistémologiques qu’on mesure l’actualité de l’œuvre d’Evans-Pritchard. Nous pouvons en<br />

retracer l’écho dans certaines questions soulevées par les recherches récentes sur <strong>la</strong> sorcellerie<br />

africaine. Bien que séparées par <strong>la</strong> « tenacious influence of the structural-functionalist<br />

paradigm with its obsession with order and internal integration » (Ciekawy et Geschiere,<br />

1998 : 1), les théories d’Evans-Pritchard et le questionnement anthropologique le plus récent<br />

nous semblent partager un mouvement de pensée commun qui, via l’ethnographie des<br />

croyance à <strong>la</strong> sorcellerie, met en discussion les postu<strong>la</strong>ts modernes du rationalisme occidental.<br />

XI. Modernité et sorcellerie<br />

Luise White a écrit que « For people who are interested in the occult (...) this is such<br />

an exciting time to work in Africa. This is a time to see these local idioms emerge and insert<br />

themselves in <strong>la</strong>rger global circuits and concerns, that there’s a certain analytical power in<br />

lumping cannibals, men who sell eyeballs, witches, and baboons with shopping bags<br />

together» (2001) 113 . Selon L. White, il y a une « newfound authority to describe what’s<br />

happening on the ground [which] has been more than exciting, it’s given us a renewed<br />

commitment to scho<strong>la</strong>rship and analysis » (ibid.). Aujourd’hui, <strong>la</strong> croyance à <strong>la</strong> sorcellerie est<br />

donc au centre d’un double processus : en Afrique, l’idiome de <strong>la</strong> sorcellerie semble assumer<br />

de plus en plus <strong>la</strong> capacité d’exprimer les conflits sociaux, politiques et<br />

générationnels (autrement dit, l’idiome de <strong>la</strong> sorcellerie possède un certain analytical power) ;<br />

























































<br />

113 Ce texte de Luise White est <strong>la</strong> transcription d’une communication au symposium Magical Modernities in<br />

Africa University of Wisconsin, avril 2001. Les exemples cités se référent à l’article de Jean et John L.<br />

Comaroff, « Occult Economies and the Violence of Abstraction: Notes from the South African Postcolony »<br />

American Ethnologist 26, 2 (1999), pp. 279-303.<br />

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