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diable remp<strong>la</strong>ce soit le personnage de tère soit celui du génie de l’eau ngàkélàngú, associé au<br />

génie ngàkèlá de <strong>la</strong> société secrète qui faisait jadis fonction de cour de justice » (1979 : 177 ;<br />

voir aussi 1976 : 9/b, 51/e). En 2005, nous avons pu enregistrer parmi <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong><br />

Ouaka les mêmes interrogations re<strong>la</strong>tées par Eggen (et bien avant par Evans-Pritchard) à<br />

propos de Tere/Ture, mais adressées cette fois uniquement à <strong>la</strong> figure de Ngako<strong>la</strong>. Ainsi, lors<br />

d’un entretien au vil<strong>la</strong>ge Kada I 241 , les a<strong>la</strong>ba – les anciens et les notables du vil<strong>la</strong>ge – ont<br />

entamée une discussion pendant <strong>la</strong>quelle « le Ngako<strong>la</strong> » a été défini une chose « très<br />

mauvaise » 242 , un « dieu » des Noirs qui faisait des « miracles » pour eux 243 , un « remède » –<br />

ayo en banda, et yoro en sango.<br />

Des observations d’Eggen sur <strong>la</strong> diabolisation du couple Tere/Ngako<strong>la</strong>, en passant par<br />

l’ambivalence que nos interlocuteurs reconnaissent dans ce « dieu des Noirs » (qu’ils<br />

définissent un ayo, « un remède ») <strong>la</strong> rencontre coloniale a donné lieu à un « malentendu<br />

productif » autour des figures principales du panthéon banda. Les efforts pour traduire en<br />

banda <strong>la</strong> notion chrétienne de Dieu créateur, et l’appropriation indigène des notions et des<br />

systèmes de références occidentales, ont abouti à une formidable confusion sémantique : <strong>la</strong><br />

diabolisation de <strong>la</strong> figure de Ngako<strong>la</strong> ne put pas effacer <strong>la</strong> complexité des références émiques<br />

associées à ce personnage mythique irréductible à l’opposition manichéiste entre le bien et le<br />

mal, Dieu et Satan. Aujourd’hui, nous pouvons retracer l’écho de ce malentendu dans le<br />

témoignage de notre interlocuteur M. Faustin Rawago pour lequel, nous l’avons vu, <strong>la</strong><br />

« religion des Banda » c’était en même temps le semalì (« Le dieu des Banda c’était un dieu<br />

qu’on l’appe<strong>la</strong>it semalì »), mais aussi rœ et, finalement, Yilingou (« rœ c’est le dieu principal<br />

de Yilingu, Yilingu à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de rœ »). L’idée de notre interlocuteur, selon lequel le culte de<br />

Ngako<strong>la</strong> était <strong>la</strong> « religion banda » trouve son origine dans le « malentendu productif »<br />

inauguré par <strong>la</strong> rencontre coloniale et résumé dans <strong>la</strong> description que le Père Daigre nous a<br />

<strong>la</strong>issé du semalì : « il m’a été donné d’assister à cette cérémonie, et, je dois l’avouer, j’ai été<br />

touché de <strong>la</strong> foi, si je puis ainsi parler, avec <strong>la</strong>quelle ce « sauvage » exerçait ses fonctions<br />

sacrées et célébrait les rites de sa religion » (1931-32 : 678). Cette conclusion s’inscrit dans<br />

une perspective qui considère les multiples trajectoires du colonial encounter : <strong>la</strong> figure<br />

évoquée par Tisserant, le « jeune homme intelligent, le mieux doué de nos internes », est<br />

certainement exemp<strong>la</strong>ire et elle se prêterait à des analyses ultérieures.<br />

























































<br />

241 Le long de l’ancienne route Bambari-Grimari.<br />

242 En sango, sioni mingui.<br />

243 Le mot « miracle » a été prononcé en français lors de cette discussion.<br />

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