03.07.2013 Views

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

télécharger la thèse - fasopo

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

En reconstruisant l’histoire et l’ethnographie du semalì, ainsi que dans l’un des cas<br />

judiciaires cités plus haut, nous avons croisé certains oracles banda – le kadangba, les œufs<br />

frottés – communément interrogés pour déceler l’identité d’un sorcier et pour connaître <strong>la</strong><br />

cause d’un malheur. Il s’agit d’une pratique pour <strong>la</strong>quelle un nganga est expressément<br />

interpellé 580 . En 2008, nous avons demandé au tradipraticien DG, à Bambari, quel est le mot<br />

banda pour désigner tous ces systèmes divinatoires : il nous a répondu avec <strong>la</strong> phrase ke<br />

pande rœ, où ke pande est l’infinitif de « parler », « dire », « expliquer », et rœ est le « Eré,<br />

presque Héré » que le « mieux doué des internes » proposa au Père Tisserant vers les années<br />

1916-1918 pour traduire le concept de « dieu ». On se souviendra ici de ce que nous avons<br />

écrit à propos de rœ, qui correspond moins (ou pas de tout) à une divinité bienveil<strong>la</strong>nte qu’à<br />

un principe qui « tient ensemble » <strong>la</strong> réalité sociale. Wiel Eggen remarquait en 1976 que<br />

« consulter l’oracle » se dit en banda y+ tcékó rœ, où le dernier mot peut être substitué par un<br />

nom propre – et <strong>la</strong> phrase devient alors une formule de salutation (« salut ! ») –, mais il peut<br />

aussi être maintenu – on traduira alors « demander à rœ comment va-t-il » (Eggen, 1976 :<br />

50/d-e). Ke pande rœ, donc, peut signifier à <strong>la</strong> lettre « demander de/à rœ », ce qui explique<br />

aussi une deuxième signification signalée par Tisserant : « donner des nouvelles de » (1931 :<br />

369) – où rœ sera substitué par un nom de personne. Nous nous intéressons surtout à deux<br />

significations secondaires signalées par le religieux français, qui nous ramènent à l’opinion du<br />

nganga DG et au travail de Josiane : « accuser » et « dénoncer » (ibid.).<br />

Parmi les Banda, parvenir à l’origine du malheur et de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die signifie – du moins<br />

étymologiquement – dénoncer et accuser : on « détecte » plus qu’on ne reconnaît ou on<br />

explique, et on accuse plutôt que « s’intéresser à l’état de santé » ou « demander ». L’écho de<br />

ces nuances étymologiques résonne dans les termes français auxquels nos interlocuteurs ont<br />

recours pour décrire Josiane : elle aurait « détecté des sorciers et des fétiches », elle a « accusé<br />

beaucoup de gens dans le quartier » ; pour M. Frameau « elle a indiqué mon ventre » pour<br />

l’accuser de pratiquer le baga.<br />

À leur tour, les verbes « détecter » et « dénoncer » renvoient à <strong>la</strong> pratique qui parmi<br />

les Banda est censée dévoiler – plus que d’autres – l’identité des malfaiteurs mystiques et, en<br />

même temps, guérir leurs victimes : il s’agit d’une poudre qui est versée dans les yeux des<br />

personnes métamorphosées. Peu après, le ma<strong>la</strong>de recouvre <strong>la</strong> santé et, ayant « les yeux<br />

ouverts », il « voit » le visage de <strong>la</strong> personne qui l’aurait ensorcelé. On se souviendra ici de <strong>la</strong><br />

guérison de Josiane, survenue après que son oncle lui eut versé une poudre dans les yeux : <strong>la</strong><br />

























































<br />

580 Voir le Procès Verbal d’Enquête Préliminaire contre Leombo Bernard, cité plus haut.<br />

354


Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!