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l’indifférence (Ashforth, 1998a ; 2001 ; Bouju et De Brujin, 2006 86 ) et, finalement, se<br />

renverse dans ce qui seulement apparemment est son revers, c’est-à-dire <strong>la</strong> « violence de<br />

l’imaginaire » (Beneduce, 2008 : 161 ; Tonda, 2005) : or, ce travail sur l’imagination et sur<br />

les corps se situe, temporellement, dans <strong>la</strong> contemporanéité signalée par Tonda, qui est aussi<br />

<strong>la</strong> temporalité de <strong>la</strong> dépossession. Lorsque, dans l’un des passages cités, Tonda prend les<br />

distances de <strong>la</strong> notion de mana et mentionne « les structures de causalité », il spécifie que les<br />

« puissances constitutives du pouvoir du Souverain moderne appartiennent à des temporalités<br />

en déca<strong>la</strong>ge (...) mais formant une même contemporanéité » (2005 : 273), parmi lesquelles il<br />

cite le « recyc<strong>la</strong>ge de <strong>la</strong> violence historique de l’État colonial », les produits de <strong>la</strong> violence du<br />

capitalisme en colonie et en postcolonie, les mésinterprétations et les surinterprétations du<br />

système symbolique chrétien (ibid. : 56). La dépossession se situe <strong>la</strong>rgement dans cette<br />

logique relevant de temporalités en déca<strong>la</strong>ge mais s’inscrivant dans une même<br />

contemporanéité. L’expérience de <strong>la</strong> perte et de l’appauvrissement culturel – dénoncée dans<br />

une <strong>la</strong>mentation que nous avons définie « rhétorique » – fait de <strong>la</strong> dépossession une notion<br />

postcoloniale qui se situe entre un passé fantasmé de plénitude et un présent d’insécurité et<br />

d’incertitude. Pour éc<strong>la</strong>ircir « l’étirement » de cette temporalité, il est nécessaire avant tout de<br />

suivre les glissements sémantiques qui, tout au long du XX siècle, ont affecté <strong>la</strong> notion banda<br />

de õndro – que les premiers missionnaires et administrateurs traduisirent par « <strong>la</strong> sorcellerie ».<br />

V. Le sorcier banda : eyiõndro. « Porter <strong>la</strong> sorcellerie en soi » ou « être un<br />

sorcier »<br />

Aujourd’hui, en <strong>la</strong>ngue banda, le mot õndro signifie « sorcellerie ». Le plus souvent<br />

on trouve ce terme dans le mot composé eyiõndro : eyi étant le pronom « celui », l’eyiõndro<br />

est « celui qui porte » <strong>la</strong> sorcellerie en lui, ou « celui qui est » sorcier. La différence n’est pas<br />

secondaire, puisque en 1931, dans son Dictionnaire Banda-Français, le Père Charles<br />

Tisserant écrivait que le ndŏro est le « chat sauvage ordinaire ; cf. õndro, génie criant comme<br />

des chats » (1931 : 536). À <strong>la</strong> voix õndŏro – õndro il expliquait : « Pour les banda, pas de<br />

mort naturelle (même après ma<strong>la</strong>die) ; c’est un esprit habitant un homme à son insu qui sort <strong>la</strong><br />

nuit et vient tuer le ma<strong>la</strong>de ; on l’entend <strong>la</strong> nuit crier comme des chats (ndro) ; aussitôt <strong>la</strong><br />

mort, un sorcier interroge pour savoir qui a cet õndro en lui ; <strong>la</strong> personne portant l’õndro est<br />

vouée à <strong>la</strong> mort » (ibid. : 354). En conclusion, le Père Tisserant spécifiait : « eyi-õndro (...),<br />

























































<br />

86 Jacky Bouju et Mirjam De Bruijn (2006), nous rappellent que cette « indifférence affichée de <strong>la</strong> société vis-àvis<br />

des violences sociales » est aussi une « indifférence à <strong>la</strong> souffrance de l’autre [qui] est une manifestation<br />

extrême de cette violence sociale ».<br />

87


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