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tεekra 374 avec <strong>la</strong>quelle chaque fille sortait du bada. Michel ne connaît que trois grades<br />

d’initiation : les ndulu, les semalì et les gbangaυa. Les interdits alimentaires – dont <strong>la</strong> tortue –<br />

concernaient exclusivement les gbangaυa. Ces derniers, lorsqu’ils mangeaient dans <strong>la</strong> bada<br />

ne <strong>la</strong>vaient pas leurs mains mais ils les frottaient avec les feuilles de tepa 375 : les ndulu ne<br />

pouvaient pas les regarder. On leur racontait que c’étaient Ngako<strong>la</strong> et sa femme Yambissi qui<br />

mangeaient.<br />

Quant aux griffes de panthère, selon Michel elles servaient aux gbangaυa pour<br />

exécuter leurs victimes, les personnes « turbulentes », les voleurs, les coupables d’adultère.<br />

Les semalì extrayaient une partie des intestins, ils <strong>la</strong> coupaient avec les griffes et ils<br />

remettaient le reste dans le corps. La victime mourait rapidement et on lui mettait des feuilles<br />

de tepa dans <strong>la</strong> bouche 376 . Lorsque les gens retrouvaient le cadavre près d’un centre habité, ils<br />

savaient que c’était Ngako<strong>la</strong> qui l’avait tué puisque aucune blessure visible n’apparaissait sur<br />

le corps. C’est à cette occasion que M. Frameau – qui assistait à l’entretien – est intervenu en<br />

décrivant <strong>la</strong> « catapulte » qui projetait le cadavre au centre du vil<strong>la</strong>ge, en ajoutant que le<br />

semalì « c’était <strong>la</strong> terreur », au point qu’il n’a pas hésité à rapprocher les gbangaυa des<br />

modernes terroristes « que vous avez chez vous » (sous-entendu, en Occident). Lorsque, en<br />

conclusion de l’entretien, nous avons demandé à Michel si en définitive le semalì était une<br />

chose positive ou négative, il nous a répondu : « c’était une formation traditionnelle ».<br />

Des différences importantes s’étalent entre les deux initiations semalì que nous avons<br />

résumées. Louise a été initiée à Bria tandis que Michel a été initié 200 kms plus au sud, à<br />

Bambari. Malgré cette distance, nos interlocuteurs sont d’accord sur le statut et <strong>la</strong> valeur du<br />

culte : vers <strong>la</strong> moitié du XX siècle le semalì était une formation traditionnelle pendant <strong>la</strong>quelle<br />

on apprenait les « choses du pays ». Aujourd’hui c’est une « chose morte », mais ses valeurs<br />

























































<br />

374 Le tεekra est communément utilisé pour couvrir <strong>la</strong> tête des enfants lorsqu’il pleut. D’après Tisserant : « natte<br />

cousue très courte (...) dont les extrémités se relèvent en forme de corbeille (...) sert de corbeille pour mettre <strong>la</strong><br />

pâte de manioc, de van, d’ombrelle pour les petits enfants » (1931 : 412). M. Victor Madayeka considère le<br />

tεekra un produit de vannerie caractéristique des Banda. Il sort cet objet de sa maison et il nous explique : « J’ai<br />

gardé ça comme... ça me fait p<strong>la</strong>isir aussi de garder ça. Je l’ai mis là haut pour garder un peu comme dans les...<br />

comment on appelle ça-là... à Bangui, comme dans les musées ! » (Bambari, le 26 mai 2007).<br />

375 « Herbe de savane ; scitaminée, Aframomum sp. » (Tisserant, 1931 : 582). Vergiat signa<strong>la</strong>it <strong>la</strong> présence de<br />

cette p<strong>la</strong>nte dans le bada de l’association maoro, où elle était utilisée pour soigner les blessures des novices,<br />

tandis que ses fruits faisaient l’objet d’un interdit alimentaire (1981 : 168 ; 175 ; 177).<br />

376 Le tradipraticien DG (Joseph Kouadjama, très renommée à Bambari) utilise le tepa pour interroger le cadavre<br />

lors d’un décès dont il suspecte une origine sorcel<strong>la</strong>ire. Avec l’arbuste tepa, auquel on enlève toutes les feuilles<br />

sauf une, on tape sur le cercueil ou sur le lit où repose le cadavre : on l’interroge au nom des personnes<br />

suspectées d’avoir causé « mystiquement » sa mort. Lorsque le nom du coupable est cité, le cadavre est censé<br />

émettre un gémissement. Autrement dit, le tepa est l’un des oracles utilisés lors d’un cas de sorcellerie. Toujours<br />

selon DG, cette p<strong>la</strong>nte peut être utilisée pour se « blinder » contre les sorciers et les métamorphoseurs (entretien<br />

recueilli à Bambari, le 29 juin 2008). Le tepa jouait un rôle important pendant <strong>la</strong> ganza aussi. Au moment où les<br />

jeunes initiés quittaient le aba et retournaient au vil<strong>la</strong>ge ils tenaient dans les mains des arbustes de tepa (entretien<br />

avec Benjamin Togo, né en 1967, vil<strong>la</strong>ge Kada I, le 28 mai 2005).<br />

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