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can be aligned along the same axis » (Kapferer, 2003 : 6). En effet, l’anthropologue d’origine<br />

polonaise avait publié un essai intitulé Magic, Science and Religion, dans lequel <strong>la</strong> magie était<br />

appréhendée à travers une conception « pragmatique » du <strong>la</strong>ngage, conçu comme un « moyen<br />

d’agir » (Ca<strong>la</strong>me, 2002 : 58 108 ). Pour Malinowski, <strong>la</strong> science et <strong>la</strong> magie interviennent – de<br />

façon différente selon les cultures – pour dépasser les difficultés de <strong>la</strong> vie quotidienne et pour<br />

contrôler l’anxiété qui dérive des tentatives d’adaptation à un milieu hostile. Ainsi, <strong>la</strong> science<br />

et <strong>la</strong> magie agissent « institutionalizing human optimism » : « The function of magic is to<br />

ritualize man’s optimism, to enhance his faith in the victory of hope over fear. Magic<br />

expresses the greater value for man of confidence over doubt, of steadfastness over<br />

vacil<strong>la</strong>tion, of optimism over pessimism » (1948 : 90). Malinowski proposait une théorie du<br />

« <strong>la</strong>ngage magique » qui prétendait dissoudre l’irrationalité de <strong>la</strong> magie, en démontrant que<br />

tous les hommes font l’expérience – dès l’enfance – des fonctions pragmatiques de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue,<br />

autrement dit de <strong>la</strong> possibilité d’influencer à travers le <strong>la</strong>ngage le monde qui les entoure.<br />

Dans ses premières publications sur les Azande, Evans-Pritchard a privilégié le terme<br />

« magie ». Ce n’est qu’en 1937, avec <strong>la</strong> publication de Witchcraft, Oracles and Magic among<br />

the Azande que <strong>la</strong> notion de witchcraft s’est substituée à celle de magic (Pels, 1999 : 241). Le<br />

choix de privilégier l’étude de <strong>la</strong> sorcellerie représente un tournant – et même une provocation<br />

– par rapport aux théories que nous venons d’évoquer. Evans-Pritchard n’hésite pas à<br />

souligner « l’altérité » de <strong>la</strong> croyance à <strong>la</strong> sorcellerie des Azande : ces derniers croient en effet<br />

à l’existence de forces extra-humaines, de substances abdominales et de pouvoirs psychiques<br />

que <strong>la</strong> pensée occidentale s’efforcerait inutilement d’interpréter dans des termes rationalistes<br />

(ou de reconduire à une généalogie évolutionniste). De plus, loin de tout « optimisme », <strong>la</strong><br />

sorcellerie est essentiellement une force nuisible, tant pour l’individu qui possède <strong>la</strong> substance<br />

ensorce<strong>la</strong>nte que pour <strong>la</strong> communauté qui subit ses effets. Finalement, <strong>la</strong> sorcellerie zande est<br />

un pouvoir qui échappe au contrôle du witch : ce dernier possède un pouvoir néfaste à son<br />

insu, et il le déclenche animé par des sentiments, tels <strong>la</strong> haine et <strong>la</strong> jalousie, qui sont<br />

profondément anti-sociaux. Si Malinowski et Evans-Pritchard ont essayé – chacun à sa façon<br />

– de démontrer que <strong>la</strong> magie et <strong>la</strong> sorcellerie ne sont pas si irrationnelles que le soutenaient les<br />

tenants du paradigme évolutionniste, l’anthropologue ang<strong>la</strong>is, quant à lui, semble adresser une<br />

























































<br />

108 « Dans l’effervescence provoquée par des énoncés verbaux découverts et conçus partiellement au moins en<br />

tant qu’actes de parole, on a généralement oublié que, dans le domaine de l’anthropologie culturelle et sociale,<br />

Bronis<strong>la</strong>w Malinowski avait formulé dans les années 30 une théorie du <strong>la</strong>ngage qu’il donne déjà comme<br />

« pragmatique ». En décrivant toute une série d’énoncés à caractère performatif telles les formules magiques, les<br />

malédictions ou les prières comme de véritables actes de <strong>la</strong>ngage, l’anthropologue des Trobriandais pouvait faire<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en général un “moyen d’agir” » (Ca<strong>la</strong>me, 2002 : 58).<br />

101


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