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essaya de traduire <strong>la</strong> notion de dieu créateur à travers l’esprit Yivorou 220 . Pourtant, dans les<br />

souvenirs de nos interlocuteurs, Yavoro est rarement évoqué comme « dieu des Banda ».<br />

Ainsi, pour M. Nico<strong>la</strong>s Gonemonzou, ancien Maire de <strong>la</strong> ville de Bambari :<br />

« Bien, [les aïeux] ils par<strong>la</strong>ient de Ngako<strong>la</strong>, ils par<strong>la</strong>ient de Yilingou. Yilingou c’est l’homme<br />

invisible que l’on n’a jamais vu et qu’on représentait par du bois [un fétiche en bois]. Par<br />

exemple, quand il y a une nouvelle naissance on prend un poulet, on le tue au nom de Yilingou<br />

pour fêter et implorer ce Yilingou-là pour qu’il puisse veiller sur le nouveau né. Voyez ? Après<br />

ça, il y a le Ngako<strong>la</strong>, tout ça, mais ce n’est pas ça qui intéressait le vrai Banda. Le vrai Banda<br />

c’est Yilingou qu’il doit adorer » 221<br />

M. Frameau, qui était né en 1930, reprend ce même discours :<br />

« Ah ! Yilingou c’est le dieu, ça avant que le mot dieu arrive, c’était notre dieu. Les mots<br />

nzapa, dieu, tout ça c’est occidental, c’est du sango. Mais Yilingou, c’est-à-dire dieu, le vrai<br />

dieu (...) c’est le contraire de Ngako<strong>la</strong>. Tandis que Ngako<strong>la</strong> c’est l’organisation secrète des<br />

hommes-là, les semalì » 222<br />

Si on revient maintenant aux débuts de l’entreprise missionnaire dans <strong>la</strong> Ouaka, le<br />

Père Tisserant racontait qu’en « 1923, un chef des environs de Bambari, vou<strong>la</strong>nt affirmer <strong>la</strong><br />

vérité de ce qu’il disait, au lieu d’invoquer Yivorou, comme on le faisait alors, après avoir<br />

frotté son index sur le sol, le leva à l’air et dit « Yilingou ! ». Comme je lui faisait remarquer<br />

le fait, il me dit que c’était <strong>la</strong> même chose et il comparait même Yivorou et Yilingou à Al<strong>la</strong>h,<br />

qu’invoquaient les Bornouans du vil<strong>la</strong>ge voisin » 223 .<br />

Eggen écrit à propos de ces noms divers : « il est très significatif que de grands<br />

connaisseurs de <strong>la</strong> culture banda, tels les Pères Daigre et Tisserant, ne pouvaient s’accorder au<br />

























































<br />

220<br />

Dans les AGCdSE <strong>la</strong> chemise 2D16.2, Travaux Père Daigre, contient un gros registre marqué Maison d’Ippy<br />

qui comprend un « Dictionnaire Français-Banda, Banda-Français » écrit par le Père Daigre : dans un petit<br />

lexique Français-Banda, à <strong>la</strong> voix Dieu le mot Ivoro est rayé et substitué avec Nzapa – le mot sango qui signifie<br />

« dieu ». Dans Le c<strong>la</strong>n et <strong>la</strong> religion, le Père Tisserant écrit « le Maître des orages est appelé par les Banda<br />

Ivorou (...) Les gbaya disent Kolo, les Mbwakas Ma, les Sango Nzapa ». Et de nouveau le Père Daigre :<br />

« L’étymologie du mot serait peut-être eyi vo re, « celui qui a commencé les choses », d’où Ivoro. La <strong>la</strong>ngue<br />

nous montre Ivoro comme un principe vivant car <strong>la</strong> forme du pronom qui sert à le designer est celle des êtres<br />

animés sé ; c’est un principe actif puisqu’on dit, par exemple d’un homme frappé par <strong>la</strong> foudre : ivoro za sé,<br />

ivoro l’a pris » (Daigre, 1932-33 : 679).<br />

221<br />

Le 17 mai 2005.<br />

222<br />

Bambari, le 14 juin 2005.<br />

223<br />

Le c<strong>la</strong>n et <strong>la</strong> religion, ibid. Le geste du « chef des environs de Bambari » est le serment qui autrefois pouvait<br />

précéder l’ordalie. Maryse Raynal écrit : « Chez les Banda ce moyen de preuve est peu utilisé mais il n’est pas<br />

rare de voir un accusé jurer de son innocence en s’humectant de salive le haut de l’index avec lequel il frotte<br />

ensuite <strong>la</strong> terre. Ce<strong>la</strong> signifie : “si je suis coupable que je meure ici même et qu’on m’enterre dans <strong>la</strong> terre des<br />

ancêtres” ». Vergiat écrivait à propos de ses recherches parmi les Manja : « Chaque fois que nous avons posé<br />

une question à un homme ou à une femme indigène et que nous doutions de leur sincérité, ils se baissaient vers<br />

le sol, frottaient <strong>la</strong> pointe de leur index sur <strong>la</strong> terre et se traçaient sur le cou un trait de poussière, puis, pointant<br />

leur doigt vers le ciel, ils prononçaient le nom de leur dieu » (1937 : 195-196).<br />

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