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V. La ma<strong>la</strong>die et <strong>la</strong> guérison de Josiane<br />

En 2005, Josiane est une jeune fille âgée de 15 ans qui fréquente le CM1 à Bambari.<br />

Elle fréquente aussi l’église catholique du quartier, où elle va bientôt recevoir le baptême. Le<br />

21 mai dans l’après-midi, elle est en train de piler du manioc dans <strong>la</strong> concession de <strong>la</strong> maison<br />

où elle vit avec ses parents. Soudainement, elle tombe ma<strong>la</strong>de. Elle se sent de <strong>la</strong> fièvre et est<br />

obligée de rester au lit. Le soir venu elle se réveille et dit avoir vu, dans le sommeil, un<br />

homme é<strong>la</strong>ncé qui lui posait une main sur le front et tapait deux fois avec l’autre. Lorsqu’elle<br />

a essayé de se tourner pour identifier cet homme, son cou était comme bloqué. Dans le récit<br />

du père de Josiane 535 <strong>la</strong> « mystification » opérée par <strong>la</strong> logique sorcel<strong>la</strong>ire agit de façon<br />

exemp<strong>la</strong>ire et imp<strong>la</strong>cable. Il nous dit :<br />

« Le cou de Josiane était devenu rigide, elle ne pouvait pas le tourner pour identifier <strong>la</strong><br />

personne »<br />

« Le cou était rigide ? Donc... »<br />

« ...oui. C’était mystique, l’affaire là c’était mystique. Cependant... or, c’était une<br />

question de jalousie. C’est mon voisin-là, c’était lui qui était jaloux contre ce que je<br />

faisais ici [à l’époque le père de Josiane était en train de bâtir une petite maison dans<br />

le quartier pour y loger ses enfants]. Comme je construisais, <strong>la</strong> jalousie a poussé<br />

l’autre. Donc il fal<strong>la</strong>it qu’il cherche à interrompre ce que je vou<strong>la</strong>is faire » 536<br />

Le soir, le père de Josiane part pour chercher un calmant pour sa fille. Lorsqu’il rentre<br />

à <strong>la</strong> maison « <strong>la</strong> chose s’était accélérée très rapidement ». Josiane a mal au cou jusqu’à <strong>la</strong><br />

poitrine. Sa mère fait appel au frère cadet du mari. Ce dernier « vaccine » <strong>la</strong> fillette 537 – c’est<br />

à dire qu’on lui coule dans les yeux une poudre d’origine végétale, pour les « ouvrir » et lui<br />

permettre de « voir » qui l’a métamorphosée :<br />

« En <strong>la</strong> vaccinant, elle a dénoncé mon voisin : il est un récidiviste, un spécialiste en<br />

métamorphose (...) Ce voisin là qui s’appelle Michel M. spécialiste en métamorphose,<br />

même en sorcellerie, il est capable de tuer, hein ! Ca, je vous le dis ! C’était ça, quand<br />

Josiane était vaccinée, rapidement Josiane les a dénoncés »<br />

























































<br />

535<br />

Bambari, le 20 mars 2006.<br />

536<br />

Dans <strong>la</strong> logique sorcel<strong>la</strong>ire, le fait de bâtir une maison démontrerait que le propriétaire possède les moyens<br />

pour se permettre ces travaux.<br />

537<br />

Nous avons vu plus haut qu’il s’agit d’un cas fréquent : une personne qui a fait recours à un nganga pour<br />

guérir d’une métamorphose utilise à son tour le médicament que le nganga lui a indiqué (ou vendu) sur d’autres<br />

ma<strong>la</strong>des. L’oncle de Josiane « comme autrefois il a souffert de son œil après avoir bâti sa maison, bon,<br />

quelqu’un, un tradipraticien pour le soigner lui a donné quelque remède ». « Bâtir <strong>la</strong> maison » est de nouveau<br />

une référence à une affaire de « jalousie », où les moyens économiques d’une personne déclenchent <strong>la</strong> réaction<br />

des sorciers « qui s’opposent à l’évolution des gens » dans le quartier.<br />

335


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