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données que les ethnologues recueillent sur le terrain, et ils sont inclus dans leurs travaux de<br />

recherche, parfois – comme dans le cas de Behrend – en guise de « présentation du<br />

terrain » 143 . C’est indubitablement l’un des mérites du « moment réflexif » des années 80 –<br />

selon l’expression des Comaroff (2003 : 154) – d’avoir ouvert le débat anthropologique à <strong>la</strong><br />

considération des procédés de construction de l’« autorité ethnographique ». Par ailleurs c’est<br />

à cette perspective que Behrend se réfère lorsque, dans l’un des passages que nous avons<br />

cités, elle parle de l’« exigence postmoderne d’hétérogénéité ». Cependant, une ethnographie<br />

portant sur <strong>la</strong> sorcellerie ne peut pas se limiter à « observer » et « restituer » ces procédés de<br />

construction de <strong>la</strong> réalité ethnographique, ni il semble suffisant de mettre en exergue le<br />

caractère fictif de l’« autorité ethnographique ». Au contraire, puisque confrontée à <strong>la</strong><br />

sorcellerie elle devient « provocatrice » et elle est « provoquée », l’ethnographie participe<br />

directement à <strong>la</strong> compétition pour le pouvoir qui est un aspect crucial de <strong>la</strong> sorcellerie<br />

équatoriale (Bernault, 2005 : 26) : seulement, il ne s’agit pas tant du pouvoir politique, mais<br />

d’une compétition qui se joue entièrement autour de perspectives épistémologiques et<br />

scientifiques distinctes, bien qu’intimement liées. Sur ce sujet, des précisions sont<br />

nécessaires : dans les pages qui suivent, nous examinerons <strong>la</strong> question du rapport entre<br />

sorcellerie et pouvoir et, successivement, nous reviendrons sur <strong>la</strong> notion d’« imaginaire » et<br />

sur son importance dans l’appréhension des faits de sorcellerie. À travers l’analyse du rapport<br />

entre pouvoir et sorcellerie en Afrique équatoriale, et en nous inspirant des observations de<br />

Paulin J. Hountondji sur l’« extraversion scientifique », nous nous proposons de montrer que<br />

sur le terrain l’ethnographie de <strong>la</strong> sorcellerie est confrontée à un problème de « provocations »<br />

entre de différentes autorités d’interprétation (sur ce sujet, voir Ashforth, 1998a : 57-59). Ce<br />

problème est particulièrement urgent dans le débat autour de <strong>la</strong> notion d’« imaginaire » de <strong>la</strong><br />

sorcellerie.<br />

XVII. Sorcellerie et pouvoir : des accusations « horizontales »<br />

Evans-Pritchard écrit en 1937 que « Dans l’étude de <strong>la</strong> sorcellerie zandé il faut<br />

considérer que le concept est, en premier lieu, en fonction de <strong>la</strong> situation de malheur et,<br />

deuxièmement, il est en fonction des re<strong>la</strong>tions entre les personnes » (1972 : 56). Le premier<br />

























































<br />

143 Dans ce sens, il est exemp<strong>la</strong>ire le cas re<strong>la</strong>té par Doug<strong>la</strong>s H. Johnson dans <strong>la</strong> préface à son livre sur les<br />

prophètes Nuers : « In August 1991 (…) a Nuer veteran of the Sudan People’s Liberation Army showed me one<br />

of his most valued possessions : a battered copy of Evans-Pritchard’s Nuer Religion. (…) In recognition of his<br />

contribution to the movement the commander of the SPLA, John Garang (…), gave him a copy of Nuer<br />

Religion, telling him that it (…) contained « the history of our people wich has never been written ». The veteran<br />

could not read English but, having heard of my first visit (…) in 1975, he brought the book to me, thinking that I<br />

had written it » (1994 : VII).<br />

122


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