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familles (...) Le chef (sous entendu Chef de C<strong>la</strong>n) porte le nom eyiebenge. C’est un chef<br />

politique auquel incombe tout ce qui intéresse <strong>la</strong> guerre. Il rend également <strong>la</strong> justice.<br />

L’ancien, le plus riche en femmes, est de fait le chef de c<strong>la</strong>n : il est chargé de régler les<br />

affaires concernant <strong>la</strong> communauté » (Raynal, 1994 : 183) 295 . En guise d’exemple, le Père<br />

Daigre citait un cas d’adultère tranché devant le fétiche du gbenge quitte à s’arrêter, une fois<br />

de plus, sur <strong>la</strong> description de <strong>la</strong> victime « dépecée avec férocité » (ibid. : 111). Le Père<br />

Tisserant citait lui aussi le génie de <strong>la</strong> guerre « dont <strong>la</strong> localisation était un rondin dressé chez<br />

le eyi-ngbengué, le chef de guerre de <strong>la</strong> tribu, ayant sa réplique dans un certain nombre de<br />

vil<strong>la</strong>ges, chez des chefs de c<strong>la</strong>n probablement » 296 . Eggen est plus précis lorsqu’il écrit que<br />

« le rôle du gbenge est très important en temps de paix : il met fin aux luttes qui surviennent<br />

dans le vil<strong>la</strong>ge, sans égard (...) au statut ou à l’origine des divers combattants » (1976 : 47).<br />

L’emblème de l’eyigbenge était « le sac du gbenge » dans lequel plusieurs ayo étaient cachés.<br />

D’après notre informateur Benoît Nguipouganza, qui est le fils d’un eyigbenge, ce sac<br />

contenait certainement le meya (gui) enge 297 et – détail que nous estimons très important – des<br />

griffes d’animaux que notre interlocuteur associe immédiatement à celles avec lesquelles les<br />

semalì « éduquaient » les novices dans le bada de Ngako<strong>la</strong> 298 . L’eyigbenge organisait <strong>la</strong><br />

défense du groupement vil<strong>la</strong>geois, arrêtait les luttes intestines mais, étant donné qu’il pouvait<br />

y avoir plusieurs gbenge dans un même vil<strong>la</strong>ge, « il suit qu’il ne faut pas le définir en termes<br />

d’un chef politique tout court » (ibid. : 47/e).<br />

On observe donc que l’organisation du pouvoir dans l’ancienne société banda ne se<br />

résumait pas dans une structure pyramidale. Elle était en fait un système dans lequel « le<br />

pouvoir central est remp<strong>la</strong>cé par une multitude de charismes individuels, où l’on ne sème pas<br />

























































<br />

295 Ainsi écrit Suzanne Renouf-Stefanik à propos des Manza : « les offrandes aux ancêtres ne peuvent se faire<br />

qu’avec <strong>la</strong> bière de mil et chaque année le wi gbenge (personne chargée de s’occuper de l’autel consacré au<br />

génie du c<strong>la</strong>n appelé gbenge) organise une grande fête chaque membre du c<strong>la</strong>n apporte des graines de mil et<br />

ensuite seulement peut participer aux danses et festivités » (1978 : 50).<br />

296 Le c<strong>la</strong>n et <strong>la</strong> religion, ibid.<br />

297 Le meya est le gui, suivi du nom de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte sur <strong>la</strong>quelle il pousse. Dans l’entretien citée, Benoît<br />

Nguipouganza explique que le meya enge servait pour enlever les malédictions. Il s’agit du gui d’un arbre de<br />

savane, légumineuse césalpiniée, Bauhinia Thonningii. Le Père Tisserant signa<strong>la</strong>it de nombreuses utilisations de<br />

cette p<strong>la</strong>nte dans <strong>la</strong> pharmacopée banda (1931 : 569), tandis que Vergiat avait repéré l’enge dans des bada du<br />

semalì et de l’association fermée maoro (1981 : 170-177). Pour les différents usages du gui chez les Mandja et<br />

les Banda, voir Vergiat (1981 : 190-195) et Daigre (1931-1932 : 691, 167). Bien sûr, les secrets du meya seraient<br />

parfaitement maîtrisés par les kolokongbo, les « bout d’hommes » qui vivent dans <strong>la</strong> forêt et qui se<br />

promèneraient avec une besace pleine de meya (entretien avec M. Victor Madayeka, Bambari, 9 juin 2006).<br />

Selon Eggen, en raisons de <strong>la</strong> proximité entre les enfants et le monde des ancêtres, aux premiers étaient parfois<br />

attachée aux reins « une corde communément faite de l’écorce de enge (Bauhinia), qui joue un rôle central dans<br />

les rites funéraires. Une telle corde est portée aussi par les semalì initiés... » (1976 : 46/e). Evans-Pritchard cite <strong>la</strong><br />

présence d’une ceinture faite avec l’écorce de Bauhinia reticu<strong>la</strong>ta dans le rituel des apprentis guérisseurs azande<br />

qui, comme le semalì, prévoyait l’enterrement rituel du novice: en <strong>la</strong>ngue zande le nom de l’arbre est dakpa<br />

(1972 : 266) .<br />

298 Entretien recueilli à Bambari, le 8 mars 2006.<br />

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