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oubanguienne par les premiers explorateurs et missionnaires européens 91 . Au moment de <strong>la</strong><br />

rencontre coloniale 92 , les missionnaires européens ont abordé les croyances des popu<strong>la</strong>tions<br />

africaines à partir de leurs propres conceptions de <strong>la</strong> sorcellerie. Ces conceptions s’inscrivent<br />

dans l’histoire du débat qui, à partir du Moyen Âge, a appréhendé <strong>la</strong> sorcellerie comme un<br />

problème d’ordre théologique, politique et social. Les missionnaires n’étaient pas « démunis »<br />

face à l’hétérogénéité des croyances africaines à <strong>la</strong> sorcellerie : au contraire, ils disposaient de<br />

notions, termes et conceptions pour interpréter les croyances indigènes. Or, dans l’idée<br />

chrétienne de sorcellerie, l’un des aspects déterminants est l’inclination du sorcier/sorcière.<br />

Autrement dit, <strong>la</strong> sorcellerie se réfère à une qualité morale de l’individu : ainsi, l’acte de<br />

sorcellerie est d’autant plus redoutable que son origine repose dans l’inclination malveil<strong>la</strong>nte<br />

du « sorcier » et dans un choix personnel dont l’individu porte entièrement <strong>la</strong> responsabilité<br />

(Buckner, 1995 : 118) ; cet aspect est ultérieurement exagéré par l’idée d’un « contrat<br />

volontaire » que le sorcier choisirait de stipuler – délibérément – avec les forces démoniaques.<br />

À travers l’emprise missionnaire, cette conception de <strong>la</strong> sorcellerie – réincarnée dans une<br />

dichotomie qui opposait une « vraie » religion et des « mauvaises » croyances – s’est<br />

superposée aux conceptions locales de l’õndro. Ainsi, elle a inévitablement modifié le sens et<br />

les fonctions tant de <strong>la</strong> croyance que des systèmes locaux de contrôle et de gérance des<br />

soupçons et des accusations.<br />

Les observations qui précèdent s’avèrent nécessairement schématiques : elles méritent<br />

donc des précisions. Le peu de documents que nous possédons sur les croyances banda au<br />

tournant du XX siècle ne nous permettent que d’avancer des hypo<strong>thèse</strong>s. Au cœur de <strong>la</strong> région<br />

oubanguienne, plusieurs sujets ont été impliqués dans <strong>la</strong> rencontre coloniale : en premier lieu,<br />

les différents groupes banda qui depuis des décennies fuyaient les raids des esc<strong>la</strong>vagistes<br />

musulmans du nord. Installés dans une immense région, comprise entre le nord de l’actuelle<br />

RCA et <strong>la</strong> rivière Oubangui, ces groupes présentaient des différences remarquables, tant<br />

culturelles que linguistiques, et ils avaient suivi des trajectoires historiques très différentes les<br />

unes des autres. Depuis des décennies, ces groupes étaient insérés dans le « marché global »<br />

de l’époque, à travers les contacts avec les marchands des régions transfrontalières du Tchad<br />

et du Soudan – y compris les marchands d’esc<strong>la</strong>ves – et avec les royaumes Zande et Nzakara<br />

du bord de l’Oubangui. Deuxièmement, nous devons prendre en considération les<br />

explorateurs européens et, ensuite, les concessionnaires et les administrateurs coloniaux :<br />

























































<br />

91 En 1953, le Père Tisserant écrivait que « En très peu de temps cette légende ondro = sorcier et magie s’est<br />

installée dans le pays » : par conséquent, on peut présumer qu’au début de sa mission en Centrafrique (en 1911)<br />

il n’avait pas remarqué l’assimi<strong>la</strong>tion entre les deux notions. AGCdSE, document 2D71.2a.11.<br />

92 Sur l’expression « rencontre coloniale », voir plus haut, p. 51.<br />

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