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155). D’après nos recherches, dans <strong>la</strong> Ouaka le kadangba continue d’être l’un des oracles<br />

communément interrogés, y compris pour trancher des cas de sorcellerie 321 . Anne Retel-<br />

Laurentin a écrit que dans <strong>la</strong> région oubanguienne « l’ordalie est (...) précédée d’une enquête<br />

utilisant une ou plusieurs épreuves divinatoires de haut prestige. D’après mes documents, les<br />

préa<strong>la</strong>bles sont constants lorsque l’épreuve du poison est utilisée en justice » (1974a : 37 ;<br />

voir aussi 1968 : 162). Parmi les Nzakara, l’oracle par frottement était l’une de ces épreuves<br />

« de haut prestige » (1974a : 37 ; voir aussi 1974b : 298-299) 322 . En 1969, cet auteur citait des<br />

documents du Père Tisserant repérés dans les Archives Spiritains : <strong>la</strong> divination par<br />

frottement, tant chez les Nzakara que chez des groupes banda voisins 323 , était utilisée « pour<br />

tous les soucis de santé, car l’origine des ma<strong>la</strong>dies était attribuée à autrui (...) Il est intéressant<br />

(...) qu’à cette époque, un état chétif était plus qu’inquiétant dans <strong>la</strong> société ; sorte de<br />

scandale, il faisait suspecter <strong>la</strong> sorcellerie et était puni comme tel 324 » (Retel-Laurentin, 1969 :<br />

37).<br />

























































<br />

321 Nous avons vu cet objet seulement une fois, en juin 2008 au vil<strong>la</strong>ge Sambele sur <strong>la</strong> route de Baka<strong>la</strong>. Selon <strong>la</strong><br />

définition qu’Anne Retel-Laurentin a donné de ce type d’instrument diffusé parmi les Banda (1968 : 157), il<br />

s’agit d’un kadangba à « forme navicu<strong>la</strong>ire » : ill. 25.<br />

322 Par ailleurs, le kadangba associé au semalì démontre une fois de plus <strong>la</strong> transversalité des cultes et des<br />

associations initiatiques dans <strong>la</strong> région centre-méridionale de <strong>la</strong> RCA. J.-L. Grootaers, qui cite l’article de Félix<br />

Éboué, écrit que « Cet oracle à frottement, parfois en forme de lézard, est typique des Banda et de leurs<br />

associations, mais il est aussi utilisé par des groupes voisins et il s’est frayé un chemin jusque chez <strong>la</strong> Mani »<br />

(2007a : 93). L’association et le culte mani étaient <strong>la</strong>rgement diffusés parmi les Azande, les Nzakara et, de là,<br />

dans de vastes régions du Congo. Herman Burssens (cité in Grootaers, ibid.) a souligné les similitudes<br />

morphologiques entre l’oracle kadangba et certaines sculptures mani. Evans-Pritchard – qui consacra une étude<br />

au mani (1931) – « fut le premier à mentionner le lien entre les deux : au Sud-Soudan, l’association se nommait<br />

Mani et l’un des objets cultuels était un oracle à frottement, le yanda » (ibid.). Anne Retel-Laurentin a appris<br />

parmi les Nzakara que le Yanda était un esprit de <strong>la</strong> forêt des Banda Langbassi « capable de prendre possession<br />

des êtres qui, ensuite, se livreraient à des danses et seraient en mesure de prononcer des prophéties. Ce culte<br />

avait été introduit chez les Nzakara par des captifs banda, sans qu’ils l’aient jamais pleinement intégré. Les<br />

princes bandia le considéraient même comme une forme de sorcellerie » (Grootaers, 2007a : 92 ; pour le<br />

témoignage de Retel-Laurentin, 1969 : 416 ; voir aussi Grootaers, 1996 : 227).<br />

323 Il s’agit des groupes de captifs banda qui auraient introduit le yanda chez les Nzakara : nous avons fait<br />

allusions plus haut à ces informations qu’Anne Retel-Laurentin put recueillir sur le terrain. Dans son article sur<br />

les techniques de divination par frottement en Afrique centrale, publié en 1968, cet auteur avait déjà cité des<br />

documents inédits du Père Tisserant, en instituant une différence entre le kadangba banda et les frottoirs<br />

divinatoires diffusés dans l’aire nzakara et zande : « dans les sociétés où l’utilisation des frottoirs a été<br />

exclusivement familiale, comme chez les Banda, les Mandja, les Gbaya et les Ngbaka de <strong>la</strong> République<br />

centrafricaine, l’instrument n’est presque plus utilisé. Cette régression (...) amène l’hypo<strong>thèse</strong> suivante : l’apport<br />

culturel des prestigieux frottoirs se maintient mieux dans un royaume que dans des groupes tribaux » (1968 :<br />

163). Ainsi, dans les sociétés où les cours de justice royales et féodales ont joué un rôle prédominant, comme<br />

chez les Bandia de l’Uellé-Oubangui et les voisins Azande, « les devins spécialisés au service des chefs (...) ont<br />

établi une sorte de monopole au détriment de l’usage familial » (ibid.). Dans ce même article, Retel-Laurentin<br />

écrit que les Banda auraient des kadangba figuratifs, des iwa non figuratifs (le nom avec lequel cet instrument<br />

est appelé parmi les Nzakara) et « de statuettes de Yanda plus ou moins figuratives » (ibid. : 155). Le semalì<br />

n’est jamais mentionné ; quant aux statuettes yanda, cette affirmation est certainement reliée aux informations<br />

que l’auteur put recueillir chez des groupes Banda Langbassi proches de l’Oubangui, mais d’après nos<br />

recherches elle ne peut pas s’appliquer aux groupes banda plus au nord.<br />

324 L’auteur ajoute : « Les chefs de famille consultaient souvent le kadangba, aussi lorsqu’ils se dép<strong>la</strong>çaient, ils<br />

emmenaient leur instrument dans leur besace ; nous retrouvons l’allusion à une gibecière c<strong>la</strong>irvoyante dans un<br />

221


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