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télécharger la thèse - fasopo

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l’initiation à l’écart du vil<strong>la</strong>ge (dans le aba pour <strong>la</strong> ganza, le bada pour le semalì), les<br />

épreuves physiques, <strong>la</strong> présence des adultes qui formaient les jeunes et leur transmettaient des<br />

valeurs ce sont des éléments qui dans le passage cité s’entremêlent pour composer un<br />

souvenir marqué d’un fort regret 380 . Aujourd’hui – sans <strong>la</strong> ganza et sans le semalì – les jeunes<br />

insultent les personnes âgées, les gens ne sont pas polis : « maintenant, c’est <strong>la</strong> délinquance ».<br />

Autrement dit, M. Frameau évoque ici un problème de « désordre social » : le choix du mot<br />

« délinquance » n’est certainement pas casuel et il ne doit pas être interprété comme une<br />

<strong>la</strong>mentation générique sur le manque de politesse des jeunes ; au contraire, il marque une<br />

prise de position très nette et un jugement « de valeur » sévère.<br />

« Autrefois, quand on circoncisait les garçons, il y a un camp à l’écart du vil<strong>la</strong>ge, là-<br />

bas on leur apprenait <strong>la</strong> chasse, on leur apprenait <strong>la</strong> pêche, on leur apprenait... <strong>la</strong> vie<br />

d’homme ! Bon, maintenant ce cas-là n’existe plus (...) En milieu banda quand tu<br />

circoncis ton enfant tu ne dois pas faire l’amour, et puis il y a certaines espèces de...<br />

tu ne dois pas manger le poisson, par exemple, jusqu’à que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie [de <strong>la</strong> circoncision]<br />

se soit cicatrisée. Et quand tu ne le fais pas, un malheur qui arrive dans le vil<strong>la</strong>ge, ou<br />

dans <strong>la</strong> famille, on dit que c’est le ãngwa, on appelle ça ãngwa, c’est parce que tu n’as<br />

pas respecté les rites... Le malheur, c’est l’ãngwa : souvent c’est un accident de chasse<br />

ou un accident de circu<strong>la</strong>tion qui t’arrive (...) Chez nous, l’initiation a plusieurs<br />

phases, il y a certaines phases qui n’existent plus maintenant... Autrefois il y avait ce<br />

qu’on appelle... nous avions un dieu, le Ngako<strong>la</strong>. Si tu as déjà été circoncis, tu as déjà<br />

passé <strong>la</strong> phase de ganza, et que tu es un peu turbulent, les gens s’arrangent pour<br />

terminer ton initiation, on te rappelle dans le semalì. Le semalì c’est ce qu’on appelle<br />

le chrétien à Ngako<strong>la</strong>, c’est le dieu banda. Puisque tu as déjà passé <strong>la</strong> phase de ganza,<br />

tu reviens pour passer le semalì... »<br />

Aujourd’hui dans <strong>la</strong> Ouaka, <strong>la</strong> disparition de <strong>la</strong> ganza et du semalì est l’objet d’une<br />

<strong>la</strong>mentation que nous définissons comme rhétorique. Il s’agit d’un discours essentiellement<br />

formel, qui ignore les différences profondes entre les deux initiations, qui, en reprenant les<br />

mots de Pierre Vidal (1976 : 182-183), concernaient <strong>la</strong> partie « théosophique » du culte de<br />

























































<br />

auteur aboutit à une formidable confusion entre le culte semalì et l’initiation ganza (1994 : 165-173). Le plus<br />

souvent, Marise Raynal mêle des références à <strong>la</strong> « bibliothèque coloniale » avec des témoignages recueillis<br />

personnellement en Centrafrique, où elle a enseigné de 1978 à 1986 à <strong>la</strong> Faculté de Droit de Bangui. Dans son<br />

étude, il est difficile de distinguer ce qui relève de l’ouï-dire et des souvenirs des interviewés d’un côté, de<br />

l’observation directe sur le terrain et de <strong>la</strong> reconstruction ethno-historique de l’autre.<br />

380 Pour Mme Joséphine Yashe Yambo, née en 1925, on amenait les ganza dans le aba à cause de leurs<br />

« insolences », en sango zônga. Ainsi, après l’opération d’excision, on lui a enseigné un chant sur le mbana, le «<br />

mauvais service » ou le service que les parents demandent à leurs enfants et qu’ils refuseraient d’accomplir<br />

(Baka<strong>la</strong>, le 21 juin 2005).<br />

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