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très différents. Il y a des bandits occasionnels, des militaires centrafricains qui utilisent leurs<br />

armes contre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ou qui prêtent les armes à des tiers ; il y a des anciens<br />

« libérateurs », militaires tchadiens qui ont accompagné Bozizé dans le coup d’état de 2003 et<br />

qui ne sont jamais rentrés au Tchad (Abé, 2003 : 25) ; il y a encore des éleveurs tchadiens et<br />

soudanais et des membres des nouvelles et anciennes rebellions contre le pouvoir banguissois.<br />

La présence des centrafricains est indispensable, pour leur connaissance du terrain et des<br />

transports prévus 73 . Bien évidement il y a des différences importantes entre les attaques contre<br />

des convois des UN ou d’autres organismes internationaux et les attaques contre le trafic, les<br />

taxi-brousse et les autres moyens de transport utilisés par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, mais <strong>la</strong> violence dont<br />

font épreuve les zarguina est toujours considérable : « le phénomène des coupeurs de route<br />

est une forme de sublimation de <strong>la</strong> violence. C’est une manifestation de <strong>la</strong> violence totale :<br />

violence physique, violence économique (transfert des biens et de l’argent des paysans aux<br />

bandits), violence politique parce qu’elle organise <strong>la</strong> mise en déroute d’un certain nombre de<br />

libertés publiques (…), violence enfin de type psychologique que ressentent les nombreuses<br />

femmes violées ici et là, ou les parents nus devant leurs enfants » (Abé, 2003 : 15). La<br />

précarisation des conditions de vie et l’opposition à <strong>la</strong> politique de Bangui n’expliquent<br />

qu’une partie du problème. Par ailleurs, le pouvoir politique a tout l’intérêt à dénoncer<br />

n’importe quel phénomène de banditisme comme une manifestation des rebellions visant à<br />

déstabiliser l’équilibre du pays. Politique de prédation ou prédation tout court, il faudrait<br />

probablement suivre l’indication de C<strong>la</strong>ude Abé et, au moins du point de vue de l’analyse,<br />

inscrire les coupeurs de route et les gouvernants dans un même champ épistémique (2003 :<br />

22).<br />

XVI. L’État entrepreneur de régression<br />

Il semble évident que <strong>la</strong> République centrafricaine traverse une crise économique et<br />

sociale aiguë. Les organismes internationaux, les enquêtes que ces derniers encouragent, les<br />

différents « taux de croissance » ou de « dé-croissance » qu’ils utilisent, tracent le portrait<br />

d’un pays immobilisé dans une crise permanente. En revanche, nous rejoignons l’opinion de<br />

Mbembe, selon lequel « si, depuis le début des années quatre-vingts, on croit savoir à peu près<br />

tout de ce que l’État, le marché, bref <strong>la</strong> reproduction des richesses en Afrique n’est pas, on ne<br />

sait toujours pas, aujourd’hui, ce qu’elle est effectivement » (1990 : 7). Il y a certainement<br />

une partie de vérité dans le leitmotiv cité par Thomas Bierschenk et Jean-Pierre Olivier de<br />

























































<br />

73 IPIS, Cartographie des motivations derrière les conflits : <strong>la</strong> République centrafricaine, p. 18.<br />

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