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semalì 661 . Dans les mêmes années, le jeune Raymond Gonemba-Obal, âgé de 6 ans, résidait<br />

dans le chef lieu de <strong>la</strong> Ouaka. Bien avant de devenir le « prophète banda », il aurait pu écouter<br />

Boganda prêcher ou participer à quelques-unes des « tournées pour <strong>la</strong> destruction des<br />

fétiches » organisées par le futur Président de Centrafrique.<br />

Onze ans après avoir quitté <strong>la</strong> Ouaka, le 5 octobre 1957, Boganda par<strong>la</strong>it à<br />

l’Assemblée Territoriale de l’Oubangui : il prenait <strong>la</strong> parole pour défendre les principes<br />

inspirateurs de <strong>la</strong> « loi-cadre », menacés par les initiatives de l’un de ses adversaires<br />

politiques, Roger Guérillot : « Monsieur le Ministre des Affaires Administratives [R.<br />

Guérillot], on ne doit jamais réveiller un chat qui dort. Un journal colonialiste a publié le mois<br />

dernier un article dans lequel il est dit en toutes lettres : « Le malin » c’est-à-dire le démon qui<br />

semb<strong>la</strong>it avoir quitté Boganda, l’a repris ». Je suis donc un possédé et je le reconnais. Des<br />

fonctionnaires de <strong>la</strong> rue Oudinot m’ont traité « d’anté-Christ ». Anté-Christ, ils ne savent pas<br />

eux-mêmes ce que ce<strong>la</strong> signifie (…). Je suis donc un possédé et je m’en félicite car c’est là<br />

ma force. Mais toute <strong>la</strong> question est de savoir quel est l’esprit qui me possède (…). Je suis<br />

possédé, hanté par l’esprit de celui qui a déc<strong>la</strong>ré : « On reconnaîtra que vous êtes mes<br />

disciples quand vous vous aimerez les uns les autres ». Je suis hanté par l’esprit des Français<br />

de 1789 qui ont proc<strong>la</strong>mé Liberté-Égalité-Fraternité. Je suis hanté par l’esprit des Pères de<br />

l’Église qui ont déc<strong>la</strong>ré : « Omnes pariter nascuntur – Omnes et egaliter moriuntur » 662 . Ici, à<br />

l’occasion d’un débat crucial pour <strong>la</strong> définition des transferts de responsabilités politiques et<br />

administratives qui précédèrent l’Indépendance, Boganda joue le double registre du sur-<br />

naturel de façon démystifiante : l’évocation de <strong>la</strong> possession, l’antichristianisme, le démon<br />

(de <strong>la</strong> « sauvagerie », nous pouvons présumer) qui le hanterait sont les accusations qui lui<br />

viennent de cette même civilisation (<strong>la</strong> « rue Oudinot » 663 ) qui a fait de l’égalité – dont<br />

Boganda, ancien prêtre catholique, rappelle <strong>la</strong> double acception <strong>la</strong>ïque et religieuse – l’un de<br />

ses principes constitutifs. Si, vis-à-vis « du haut », Boganda pouvait retourner ces arguments<br />

contre ses adversaires politiques, <strong>la</strong> façon dont il jouait le registre du surnaturel face à<br />

l’électorat centrafricain était bien différente. En termes politiques, Boganda était obligé de<br />

























































<br />

661 D’après ses souvenirs, M. Frameau avait connu Boganda une première fois à Bambari en 1942. À l’époque,<br />

ils étaient douze « scouts » qui, pendant <strong>la</strong> période des congés sco<strong>la</strong>ires, accompagnaient l’abbé dans ses<br />

tournées d’évangélisation en brousse (entretien recueilli à Bambari, le 28 juin 2008). Pour plus de<br />

renseignements sur les rapports entre Ngoutidé, M. Frameau, le Président Boganda et d’autres figures évoquées<br />

tout au long de notre étude, nous renvoyons aux détails cités dans <strong>la</strong> Conclusion.<br />

662 L’intégrité de ce texte est généralement connue sous le titre Enfin, on décolonise… Par Barthélemy Boganda,<br />

Député Maire de Bangui, Président du Grand Conseil de l’AEF. C’est en effet avec ce titre qu’il apparaît dans <strong>la</strong><br />

« Bibliographie Centrafricaine » du Père Ghis<strong>la</strong>in de Banville (1991), où on lit qu’il a été imprimé en 1958 à<br />

Brazzaville. Nous avons consulté <strong>la</strong> version déposée dans les AGCdSE, Fond de Banville, document nº 45-6.<br />

Des extraits de ce discours sont présents aussi dans Kalck (1995).<br />

663 Ex Ministère français des Colonies, puis de <strong>la</strong> France d’Outre-Mer, enfin des D.O.M. – T.O.M.<br />

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