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Azande : selon Mary Doug<strong>la</strong>s ces recherches constituent une contribution à <strong>la</strong> théorie de <strong>la</strong><br />

connaissance (1970 : xiv).<br />

IX. Edward E. Evans-Pritchard et <strong>la</strong> sorcellerie des Azande<br />

Comme nous l’avons vu, en anthropologie « <strong>la</strong> sorcellerie » est une notion qui ne<br />

cesse de poser des problèmes. Significativement, toute recherche sur <strong>la</strong> sorcellerie en Afrique<br />

contemporaine doit se confronter avec <strong>la</strong> distinction c<strong>la</strong>ssique entre sorcery et witchcraft,<br />

proposée par Evans-Pritchard en 1937. Parmi les croyances à <strong>la</strong> sorcellerie des Azande,<br />

Evans-Pritchard définit « magie » (sorcery) les connaissances acquises consciemment, par<br />

exemple à <strong>la</strong> suite d’un apprentissage spécifique. Sorcery/magie correspond au mot zande<br />

ngua : ce dernier désigne, d’après Evans-Pritchard, non seulement <strong>la</strong> magie proprement dite –<br />

qu’il définit comme une « technique dont on présume qu’elle atteint son objet par l’emploi de<br />

médecines » – mais aussi les médecines, « tout objet dans lequel on suppose que réside un<br />

pouvoir mystique », et l’art médical, leechcraft (Evans-Pritchard 1972 : 35-36). Compte tenu<br />

de cette définition, on comprend comment au cœur de <strong>la</strong> problématique de <strong>la</strong> magie il y a<br />

l’intention du « magicien » : ce dernier est un sorcerer, dans une acception négative,<br />

seulement s’il choisit d’utiliser les connaissances qu’il a acquises pour des fins immoraux et<br />

destructifs. Dans le cas contraire, lorsque le magicien agit de façon socialement constructive,<br />

<strong>la</strong> notion de ngua rejoint le mot ang<strong>la</strong>is magic. Witchcraft, en revanche, traduit le mot zande<br />

mangu. Il s’agit du pouvoir psychique du witch/sorcier : ce dernier peut le posséder et le<br />

« déclencher » à son insu, contrairement au sorcerer. Witchcraft n’implique pas <strong>la</strong> maîtrise<br />

d’une connaissance spécifique mais, en tant qu’émanation psychique, elle peut être<br />

« activée » par des dispositions négatives, par exemple <strong>la</strong> haine et <strong>la</strong> jalousie. Comme nous<br />

l’avons remarqué pour <strong>la</strong> figure du magicien, pour le cas du witch aussi il se pose le problème<br />

de l’intention qui commande ses actes. Seulement, dans ce dernier cas il ne semble pas y avoir<br />

d’espace pour un choix délibéré : « Le witch en revanche est plus tragique, victime en quelque<br />

sorte d’un pouvoir plus fort que lui, hérité, inné ou acquis involontairement dès le plus jeune<br />

âge » (Augé, 1982 : 218). Dans les mots d’Evans-Pritchard, « <strong>la</strong> sorcellerie tend à devenir<br />

synonyme des sentiments qui sont supposés <strong>la</strong> provoquer, d’où vient que les Azandé<br />

conçoivent <strong>la</strong> haine, l’envie et <strong>la</strong> cupidité aux termes de <strong>la</strong> sorcellerie, et qu’inversement ils<br />

conçoivent <strong>la</strong> sorcellerie aux termes des sentiments qu’elle révèle » (1972 : 143) Les effets de<br />

witchcraft sont négatifs : accidents, ma<strong>la</strong>dies, mort. Les Azande croient aussi que l’origine de<br />

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