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c’est à peu près aussi évident que déguster une g<strong>la</strong>ce brû<strong>la</strong>nte » (2009 : 147) 178 . Ainsi,<br />

l’ethnographe est « pris » dans les discours qu’il recueille et dans les faits qu’il observe à<br />

plusieurs niveaux : au delà des expériences de terrain personnelles, rappelons que le fait de<br />

poser des questions sur <strong>la</strong> sorcellerie entraine des soupçons sur les pouvoirs et connaissances<br />

que l’ethnologue serait en train de se procurer pour se renforcer « mystiquement ». En<br />

écrivant que l’ethnographie de <strong>la</strong> sorcellerie est une provocative situation nous voulons<br />

souligner l’urgence de cette confrontation entre des cadres d’interprétation divers et souvent<br />

antagonistes : en premier lieu l’anthropologie. Aujourd’hui, en Afrique, les anthropologues<br />

sont de plus en plus sollicités lors de colloques internationaux ou dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce des<br />

politiques visant l’éradication de cette croyance. En analysant le contenu des actes des<br />

colloques portant sur le problème de <strong>la</strong> sorcellerie – par exemple le récent Justice et<br />

sorcellerie, dirigé par Éric de Rosny 179 – on s’aperçoit très nettement de <strong>la</strong> coexistence<br />

d’interprétations divergentes lesquelles recoupent, le plus souvent, <strong>la</strong> distinction entre<br />

chercheurs « du nord » et « du sud ». Rendre compte de cette coexistence n’équivaut pas à<br />

dissoudre son aspect « provocateur », ni nous n’envisageons d’assumer une improbable<br />

position de médiation : il s’agit plutôt d’assumer cette provocation en tant qu’objet d’étude au<br />

même titre que les discours sur <strong>la</strong> sorcellerie produits par nos interlocuteurs « privilégiés » en<br />

milieu rural, dans les cours des quartiers, dans les prisons et les hôpitaux 180 . L’image de<br />

























































<br />

178 Nous partageons <strong>la</strong> portée polémique de cette citation, adressée aux recherches fonctionnalistes des<br />

anthropologues britanniques des années 50 et 60. Cependant, du point de vue épistémologique et<br />

méthodologique, ces recherches sont <strong>la</strong>rgement dépassées : l’anthropologie a amorcé une réflexion profonde sur<br />

ses propres conditions de possibilité, que Jeanne Favret-Saada ne semble pas considérer lorsqu’elle se réfère<br />

principalement aux débats qui agitaient <strong>la</strong> communauté des anthropologues dans les années 70. L’auteur<br />

continue : « Sur le terrain mes collègues semb<strong>la</strong>ient combiner deux genres de comportements : l’un, actif, un<br />

travail régulier avec des informateurs rémunérés qu’ils interrogeaient et observaient ; l’autre, passif, l’assistance<br />

à des événements liés à <strong>la</strong> sorcellerie (disputes, consultations de devins...). Or le premier comportement ne peut<br />

en aucun cas être désigné par le terme de « participation » (l’informateur, par contre, semble bien « participer »<br />

au travail de l’ethnographe) ; et pour ce qui est du deuxième, « participer » équivaut à essayer de se trouver là,<br />

cette participation étant le minimum exigible pour qu’une observation soit possible » (2009 : 147).<br />

179 Nous nous référons ici à Justice et Sorcellerie (2006), sous <strong>la</strong> direction d’Éric de Rosny, qui regroupe les<br />

actes du Colloque international de Yaoundé (17-19 mars 2005). Les savoirs endogènes (1994), dont nous avons<br />

déjà cité l’Introduction de Paulin J. Hountondji ainsi que <strong>la</strong> communication sur le phénomène « mystérieux » des<br />

objets introduits dans le corps humain (signalons que les travaux du groupe de recherche dirigé par Hountondji<br />

ne sont pas expressément consacrés à <strong>la</strong> sorcellerie ; sur cet argument, voir l’avis de Hountondji lui-même, pp.<br />

25-27). Les actes du colloque Science et superstitions, Université de Bangui 21-23 mai 1983 (ill. 11). En plus,<br />

nous rappelons notre expérience lors du colloque La sorcellerie en Centrafrique aujourd’hui, et le plus récent<br />

Sorcellerie et Justice en République centrafricaine, 1-2 août 2008, auquel nous n’avons pu participer, mais dont<br />

les actes sont disponibles à l’adresse http://recaa.mmsh.univ-aix.fr/site_Bangui/numero2.html<br />

180 Qu’il nous soit permis ici de citer ce long passage de Florence Bernault : « <strong>la</strong> marginalisation intellectuelle de<br />

l’Afrique et <strong>la</strong> domination concomitante du Nord, loin d’être négligeables, constituent un phénomène historique<br />

dont les conséquences humaines et scientifiques sont considérables. L’étirement toujours plus grand, semble-t-il,<br />

entre les lieux où se fait l’histoire (l’Afrique) et ceux où cette histoire s’écrit (universités locales où étrangères),<br />

ne peut passer aux pertes et profits de l’africanisme. Au premier p<strong>la</strong>n de ces débats virulents (...) les mises en<br />

garde réitérées de chercheurs africains exerçant en France, en Afrique ou aux États-Unis, rappellent aux<br />

spécialistes occidentaux que l’histoire africaine ne peut continuer de se faire sans l’instauration d’un dialogue<br />

avec les prises de positions politiques et épistémologiques du Sud. Or, les questions soulevées par ces passes<br />

149


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