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distinctions et des c<strong>la</strong>ssifications entre les produits de l’imagination « du nord » et « du sud ».<br />

La notion d’imaginaire est alors investie de significations pragmatiques, historiquement et<br />

socialement situées. Cependant, cette « investiture », qui passe nécessairement à travers <strong>la</strong><br />

considération du caractère instituant de l’imaginaire (Tonda, 2005 : 263), n’est pas un simple<br />

transfert – à travers lequel les caractères de l’imagination sont attribués à l’imaginaire et,<br />

ainsi, historicisés. Pour tout dire, l’imaginaire agit sur l’imagination ; cette action s’exerce de<br />

façon violente et coercitive : en paraphrasant Arjun Appadurai, on peut dire qu’il s’agit d’un<br />

travail « sur » l’imagination 79 . Pour comprendre <strong>la</strong> « violence de l’imaginaire » il est<br />

nécessaire d’évoquer les travaux de Cornelius Castoriadis, et notamment L’institution<br />

imaginaire de <strong>la</strong> société (1975). Dans ce texte, l’imaginaire n’est plus appréhendé<br />

exclusivement dans son rapport à l’individu – en tant que source créatrice, par exemple de<br />

l’activité poétique, ou comme une phase de <strong>la</strong> vie inconsciente – mais par rapport à <strong>la</strong><br />

collectivité, à <strong>la</strong> société, au discours politique. Castoriadis, qui avait suivi les séminaires de<br />

Lacan et qui fut lui-même psychanalyste, prend les distances des perspectives de ce dernier et<br />

de Sartre : par rapport à Lacan, en particulier, il écrit que sa propre conception de l’imaginaire<br />

« n’a rien à voir avec ce qui est présenté comme « imaginaire » par certains courants<br />

psychanalytiques : le « spécu<strong>la</strong>ire », qui n’est évidemment qu’image de et image reflétée (…).<br />

L’imaginaire n’est pas à partir de l’image dans le miroir ou dans le regard de l’autre. Plutôt, le<br />

« miroir » lui-même (…) et l’autre comme miroir sont des œuvres de l’imaginaire, qui est<br />

création ex nihilo » (1975 : 7). Si l’on récupère maintenant l’opposition imaginaire –<br />

symbolique, on voit que pour Castoriadis, contra Lacan, les deux notions sont plutôt<br />

complémentaires même s’il y a une prééminence du premier sur le second. Bien que<br />

l’imaginaire ait besoin des symboles pour s’exprimer, le symbolisme présuppose <strong>la</strong> capacité<br />

d’imaginer : en effet, si le symbolisme illustre une re<strong>la</strong>tion toujours particulière entre un<br />

signifiant et un signifié, il se pose le problème de comprendre comment cette re<strong>la</strong>tion (s’)est<br />

instituée. L’imaginaire social serait précisément ce qui « informe » ou établit le sens de<br />

l’usage institué du rapport signe-signifié, ce dernier s’exprimant symboliquement : « Aucun<br />

symbolisme ne saurait s’établir hors d’une création imaginaire qui, chaque fois, pose des<br />

ensembles de signes avec leurs règles d’usage correspondant à un monde social » (Fressard,<br />

2006 : 131). Par conséquent, Castoriadis pose le problème de l’origine du sens et de <strong>la</strong><br />

signification symbolique : ce n’est que dans l’imaginaire que Castoriadis nomme « radical »<br />

que cette possibilité de signification est donnée, travail de l’imaginaire qui précède et fonde le<br />

symbolisme : « Ce que nous appelons l’imaginaire dernier ou radical c’est <strong>la</strong> capacité de faire<br />

























































<br />

79 L’expression d’Arjun Appadurai est « the work of imagination as a constitutive feature of modern<br />

subjectivity » (1996 : 3).<br />

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