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télécharger la thèse - fasopo

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Le témoignage de M. Nguipouganza se réfère à une époque tardive, peu de temps<br />

avant que le culte de Ngako<strong>la</strong> fût éradiqué sous l’impulsion de l’œuvre entamée dans <strong>la</strong><br />

Ouaka par le prophète Ngoutidé. L’étude de Michel Georges remonte aux mêmes années. De<br />

<strong>la</strong> figure de l’eyigbenge – qui conservait dans son sac le meya enge (gui pour enlever les<br />

malédictions) et qui était un affilié au semalì – nous pouvons dégager deux considérations. En<br />

premier lieu, au début des années 60, face à l’éclipse des fonctions politico-religieuses<br />

« traditionnelles », l’affiliation au semalì était l’une des stratégies possibles pour consolider<br />

l’autorité d’un eyigbenge – qui autrefois tranchait les disputes dans le vil<strong>la</strong>ge, arrêtait les<br />

luttes internes (Eggen, 1976 : 48/a) – et pour jouir du prestige lié au culte de Ngako<strong>la</strong>.<br />

Deuxièmement, ce recours à l’autorité et au charisme du semalì n’était nullement<br />

extraordinaire dans une société où « <strong>la</strong> croyance en l’action des puissances invisibles<br />

[fournissait] aux Banda un important principe d’organisation sociale » (Eggen, 1976 : 48/b).<br />

Si <strong>la</strong> superposition de <strong>la</strong> charge d’eyigbenge et d’affilié au semalì doit être considérée une<br />

innovation récente 333 , cependant cette « stratégie politique » s’inscrit dans un contexte où le<br />

verdict des oracles (dont le kadangba), le respect des cultes – du yewo, lingu, gbenge, de <strong>la</strong><br />

chasse et ainsi de suite – <strong>la</strong> possession par les esprits 334 étaient autant de principes de<br />

découpage de l’autorité politique.<br />

Comme Eggen l’écrit, dans l’ancienne société banda « La direction des affaires, et<br />

surtout <strong>la</strong> jurisprudence, se trouvent en principe entre les mains des adultes (a<strong>la</strong>ba), mais de<br />

telle façon que <strong>la</strong> position religieuse d’un chacun décide du poids de ses interventions »<br />

(ibid. : 48/a). Ici, <strong>la</strong> « position religieuse » coïncide avec le rapport de chaque individu avec<br />

les ayo, les esprits et les génies, plus en général les fondements extra-humains de l’autorité et<br />

du prestige. D’une manière générale, donc, le culte semalì (compris dans sa fonction<br />

« judiciaire) semble s’aligner sur un « modèle » <strong>la</strong>rgement diffusé dans <strong>la</strong> société banda : les<br />

gbangaυa, l’eyidakpwa 335 , ce que Eggen appelle explicitement l’eyingako<strong>la</strong> 336 , se<br />

























































<br />

333 Selon M. Frameau, <strong>la</strong> « catapulte » semalì était utilisé surtout dans les cas d’adultère (Bambari, le 7 juin<br />

2007) : il s’agit, par ailleurs, de l’affaire « Makondo et consorts » décrit par Félix Éboué. À partir des années 30,<br />

donc, les semalì pouvaient porter sur un cas d’adultère, exactement le type de « crime » qui, selon ce que le Père<br />

Daigre a écrit à plusieurs reprise, tombait sous <strong>la</strong> juridiction de l’eyigbenge (1932).<br />

334 À propos de <strong>la</strong> possession Wiel Eggen écrit : « Sans être un membre mâle et adulte du c<strong>la</strong>n dominant, ni avoir<br />

le yewo dans sa maison, on pouvait néanmoins être possédé par une puissance religieuse et à ce titre exercer un<br />

certain pouvoir dans le vil<strong>la</strong>ge. Ceci était le cas de quelques femmes dites cheffesses. Mais cette éventualité ne<br />

porte pas préjudice au premier principe de <strong>la</strong> responsabilité collective des a<strong>la</strong>ba, car ce pouvoir d’ordre religieux<br />

ne pouvait pas se transmettre par héritage » (1976 : 45/d). Cet auteur re<strong>la</strong>te aussi le cas d’un ngere (qui, nous<br />

l’avons vu, n’était pas nécessairement un eyiayo et dont <strong>la</strong> succession n’était pas réglée par l’oracle) possédé par<br />

un esprit qui « “par<strong>la</strong>it” dans sa gorge le matin » (ibid.) : on voit dans ce cas que <strong>la</strong> possession, l’intervention<br />

d’un ayo, pouvait se superposer à des fonctions politiques déjà consolidées en renforçant le prestige et l’autorité<br />

dans <strong>la</strong> communauté (ibid. : 48/c).<br />

335 Rappelons que selon nos renseignements, l’eyidakpwa était le « prêtre » du culte semalì ngbwangere ongu,<br />

pratiqué dans <strong>la</strong> région comprise entre Baka<strong>la</strong> et Grimari.<br />

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