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télécharger la thèse - fasopo

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semalì, le ndeka, entretient des rapports avec certains dialectes sara. En revanche, le<br />

missionnaire italien Stefano Santandrea signale que les groupes banda du Soudan ne<br />

connaissent pas l’esprit Ngako<strong>la</strong> (1984 : 112) 204 . Plus au sud, au Nord de <strong>la</strong> Province de<br />

l’Équateur dans <strong>la</strong> République Démocratique du Congo, les rituels des Ngbaka prévoient<br />

expressément deux cérémonies d’initiation distinctes, une gàzà gbàdà et une gàza<br />

ko<strong>la</strong> 205 (Henrix, 2007). La dernière est nettement plus dure, elle a lieu dans <strong>la</strong> forêt et, dans<br />

certains vil<strong>la</strong>ges ngbaka de l’ouest, les initiés sont appelés les ngàko<strong>la</strong> (ibid.). Pierre Vidal,<br />

dans son étude sur « le passage à l’âge d’homme chez les Gbaya Kara », décrit <strong>la</strong> cérémonie<br />

gbaya du <strong>la</strong>bi, qu’il distingue des cérémonies de <strong>la</strong> circoncision manza et banda en spécifiant<br />

que : « Le lá?bì serait en fait représenté chez les Manza par l’initiation à <strong>la</strong> société (...) de<br />

Ngako<strong>la</strong> (appelée aussi sumale) elle aussi existant chez les Banda. Mais <strong>la</strong> partie religieuse –<br />

théosophique même – présente au Ngako<strong>la</strong>, est vraiment peu apparente au lá?bì » (1976 : 182-<br />

183 ; voir aussi Bigo, 1988 : 26-27).<br />

Les données que nous venons d’exposer suggèrent que cette partie « théosophique »<br />

du semalì (les connaissances et les valeurs associés à l’initiation à Ngako<strong>la</strong>), loin d’être un<br />

corpus préfixé qui aurait été transmis jusqu’à son abandon dans les années 60, doit être<br />

appréhendée à partir de <strong>la</strong> variabilité du culte et des différents significations qu’il a assumé<br />

tout au long du XX siècle dans <strong>la</strong> région oubanguienne où il était répandu. Un premier indice<br />

de cette variabilité est constitué par les nombreux mythes banda concernant Ngako<strong>la</strong> – que<br />

nous étudierons dans les prochains chapitres. Il n’entre pas dans nos intérêts de mener une<br />

analyse textuelle de ces mythes. En revanche, nous sommes intéressés à <strong>la</strong> façon dont les<br />

personnages principaux – Ngako<strong>la</strong>, le trickster banda Tere et « le dieu des Banda » Yilungu –<br />

ont été appréhendés au moment du colonial encounter et de <strong>la</strong> première présence missionnaire<br />

dans <strong>la</strong> région. En outre, nous verrons que dans ces mythes d’origine le personnage de<br />

Ngako<strong>la</strong> est valorisé d’une façon ambigüe : tandis que dans un premier temps il participe à <strong>la</strong><br />

création de <strong>la</strong> vie et il contribue à instaurer l’ordre social, dans un deuxième moment il<br />

devient un être monstrueux et cannibale qui sème <strong>la</strong> terreur parmi les hommes. C’est le mérite<br />

du politiste Dider Bigo (1982) d’avoir souligné l’ambivalence exprimée dans les mythes<br />

d’origine des Banda. En étudiant les mythes nous allons introduire l’« ambivalence » qui<br />

























































<br />

204 Pour un aperçu de <strong>la</strong> littérature – scientifique, missionnaire et de voyage – sur Ngako<strong>la</strong>, nous renvoyons aux<br />

notes de J.-L. Grootaers dans le chapitre « Un creuset aux frontières ouvertes en Afrique centrale », in Ubangi,<br />

op. cit.<br />

205 Gàzà gbàdà signifierait « initiation/grand hangar » et gàzà ko<strong>la</strong> « initiation/forêt » ; « Les gàzà gbàdà<br />

séjournent dans un camp, situé à quelques centaines de mètres du vil<strong>la</strong>ge dont il est isolé par une palissade qui le<br />

rend invisible. Ils y logent sous un grand hangar ouvert. Les gàzà ko<strong>la</strong>, par contre, ont leur camp plus reculé<br />

dans un bosquet, sans palissade ni hangar » (Henrix, 2007 : 300).<br />

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