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début du siècle, sur le terme qui désignerait le concept d’Être Suprême » (1976 : 50). De<br />

« l’erreur évidente » qui amena les premiers missionnaires à identifier le Dieu créateur<br />

chrétien et le « fripon » banda Tere jusqu’à l’opinion du chef banda qui comparait le Dieu<br />

chrétien, Al<strong>la</strong>h et les esprit banda, les problèmes de « traduction » entre les croyances<br />

indigènes et <strong>la</strong> prédication missionnaires ont suivi une logique syncrétique faite d’emprunts<br />

réciproques, de cumuls et de « malentendus productifs » (selon l’expression de Sahlins). Cette<br />

logique syncrétique a travaillé en profondeur tant les croyances indigènes quant<br />

l’appréhension européenne des représentations et des croyances banda. Ce « malentendu » est<br />

évident d’un côté dans <strong>la</strong> trajectoire qui amena <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion à identifier Yilingu et le Dieu<br />

chrétien et, de l’autre, dans les préjugés qui empêchèrent les missionnaires de reconnaître<br />

dans « le nom Eré, presque Héré » le principe créateur qu’ils avaient cherché en vain dans <strong>la</strong><br />

cosmogonie banda.<br />

VII. De l’eyilingu au « Dieu banda » Yilingu<br />

Le problème du « dieu des Banda » est compliqué par le fait que « Yilingou » est <strong>la</strong><br />

crase des mots eyi et lingu, où le premier est le pronom « celui » que nous avons déjà<br />

rencontré plusieurs fois et lingu est défini par le Père Tisserant « le génie protecteur des<br />

hommes ». Eyilingu est donc à <strong>la</strong> fois le Maître du lingu et celui qui possède le fétiche du<br />

lingu : cette deuxième acception ne peut être comprise que par rapport au « yēwò [qui est] le<br />

génie protecteur du c<strong>la</strong>n, desservi par un dignitaire, un prêtre, qui organise son culte (...)<br />

autrefois chaque homme, avant de se marier, recevait aussi un yēwò propre pour veiller sur<br />

son foyer de <strong>la</strong> main de son père ou de son frère aîné. Or, du côté féminin, il existait une<br />

tradition semb<strong>la</strong>ble concernant le lìngú. Actuellement [en 1976] ce lìngú figure comme le<br />

génie tuté<strong>la</strong>ire, purement personnel, auquel on rend un culte spécial, surtout à <strong>la</strong> naissance des<br />

enfants. Seuls quelques vieil<strong>la</strong>rds semblent se rappeler qu’une mère, lors du mariage de sa<br />

fille, lui transmettait le lìngú et lui instal<strong>la</strong>it le premier foyer de cuisine » (1976 : 49) 224 . Les<br />

























































<br />

224 « Le prêtre du yēwò, accomplissant diverses fonctions vitales, est l’homme religieux le plus important chez<br />

les [Banda] Linda. Normalement il habite avec les siens à l’écart du vil<strong>la</strong>ge (...) il préside à toute campagne<br />

agraire (...) Le eyiyēwò est le premier à procéder au débroussage, aux semailles et à <strong>la</strong> récolte (...) le rôle le plus<br />

important du eyiyēwò en matière agricole est sans doute d’implorer <strong>la</strong> pluie si <strong>la</strong> sécheresse menace » (Eggen,<br />

1976 : 46/f-g). Mais le eyiyewo entretien aussi un rapport certain avec <strong>la</strong> forge – qui parmi les Banda est un lieu<br />

sacré où tout fugitif peut trouver refuge : « Le rôle du eyiyēwò ne se borne pas aux rites agraires. Il appartient à<br />

sa tâche spécifique d’offrir refuge à tout fugitif pour quelque raison qu’il soit poursuivi (...) Le rite de <strong>la</strong> pluie<br />

montre c<strong>la</strong>irement qu’il faut distinguer diverses traditions concernant le yēwò. L’une veut qu’on invoque <strong>la</strong> pluie<br />

par l’action d’objets métalliques (p. ex. le couteau du yēwò). Une autre met l’accent sur les pierres du foyer<br />

(yambru) servant à l’épouse du prêtre pour préparer (...) le repas du yēwò » (ibid. : 46/g).<br />

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