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des ma<strong>la</strong>dies, tuent d’autres personnes 100 . Dans cette ample acception, <strong>la</strong> sorcellerie se réfère<br />

tant au sorcier proprement dit – en banda, le eyiõndro – qu’au métamorphoseur – le urukuzu,<br />

qui soufflerait sur ses victimes pour les transformer en animaux. Plus important encore, nous<br />

l’avons vu, souvent les nganga sont soupçonnés de sorcellerie : ils participeraient du même<br />

« monde de <strong>la</strong> nuit » des sorciers, mais ils auraient choisi d’utiliser leurs pouvoirs et<br />

connaissances « pour l’évolution » et non au détriment de <strong>la</strong> communauté. Enfin, parmi les<br />

Banda, les aïeux, et notamment les initiés aux anciennes associations initiatiques, sont parfois<br />

désignés comme « des sorciers ». Au mois de mai 2006, à Bambari, une vieille femme banda<br />

nous a décrit son initiation à l’association semalì, dont les membres vouaient un culte à<br />

Ngako<strong>la</strong>, le génie le plus important du panthéon banda 101 . Il s’agit de <strong>la</strong> même association à<br />

<strong>la</strong>quelle le prophète Ngoutidé s’est opposé dans les années 60 en détruisant les lieux et les<br />

objets de culte. Notre interlocutrice insiste sur le fait qu’autrefois les initiés à Ngako<strong>la</strong> étaient<br />

obligés de garder le secret sur les enseignements reçus dans le bada, le camp des initiés. Ceux<br />

qui dévoi<strong>la</strong>ient les secrets de Ngako<strong>la</strong> étaient punis, le plus souvent ils étaient tués. C’étaient<br />

les gbangaυa, les dépositaires des secrets du culte et des objets rituels, qui procédaient à<br />

l’exécution. Notre interlocutrice décrit les gbangaυa comme des « sorciers » ; elle s’exprime<br />

en banda comme il suit :<br />

A õndro / se / le / enje /<br />

Les sorciers / dans / eux /<br />

[Les sorciers (les animaux õndro) sont dans eux]<br />

Enje ne / enje / za / Ngako<strong>la</strong> ne / ayiondro / ke se /<br />

Eux-là / ils / prendre / le Ngako<strong>la</strong> / sorciers / sont /<br />

[Ceux qui ont adhéré à <strong>la</strong> société de Ngako<strong>la</strong>, ils sont des sorciers 102 ]<br />

Nous utilisons le terme « sorcellerie » dans une ample acception, qui préserve <strong>la</strong><br />

fluidité de cette notion telle qu’elle est mobilisée par nos interlocuteurs centrafricains. Ainsi<br />

























































<br />

100 En s’appuyant sur ses recherches en Afrique du Sud, Adam Ashforth écrit : « Witchcraft is typically<br />

conceived of as a form of injurious action perpetrated by certain human beings setting into motion invisible<br />

forces by means of secret knowledge. (...) given the innate secrecy of their craft, no one can assert of any<br />

conceivable abomination « This the witches cannot do », without fear of contradiction. Thus, given the manifest<br />

magnitude of their evil works, as measured by the evident suffering all around, the secret body of knowledge<br />

underpinning their action must be presumed to be stupendous » (1998a : 60-61).<br />

101 Cet entretien est présenté et analysé dans le Chapitre IV, pp. 241-249 : nous décrirons alors l’initiation au<br />

culte semalì de Ngako<strong>la</strong> et les tâches des initiés appelés gbangaυa.<br />

102 Le mot ayiõndro est le plural de eyiõndro : ayi est le pronom « ceux ». La présence dans cette phrase des<br />

mots a õndro et ayiõndro renvoie donc au problème déjà soulevé de « avoir l’õndro » et « être un õndro ». Nous<br />

discutons des détails sémantiques de cette traduction dans le Chapitre IV, pp. 245-247.<br />

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